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TEST – Chicken Run: Commandodu, un jeu de poules aussi malin que maladroit

Chicken Run Commandodu

Chicken Run Commandodu

Plateforme de test : PS5

Date de sortie : 24 octobre 2025

Développeur : Aardman Animations Limited

Éditeur : Outright Games Ltd.

Style : Tir tactique

Note :
7/10

Disponible sur :

Adapter un film d’animation culte en jeu vidéo est un exercice à haut risque, surtout quand il s’agit de l’univers déjanté et très britannique de Chicken Run. 23 ans après le premier film, et quelques mois après L’aube des nuggets, l’équipe d’Aardman revient par la porte dérobée avec Chicken Run: Commandodu, un jeu d’infiltration coopératif lancé discrètement sur Netflix Games. Un titre qui joue la carte de la métaphore alimentaire, entre satire agro-industrielle et humour absurde, tout en visant un public familial. Mais derrière ses plumes bien peignées, a-t-on affaire à une adaptation paresseuse ou à une vraie surprise vidéoludique ?

Une suite vidéoludique fidèle à l’univers Chicken Run

Plutôt qu’une réécriture du film, Commandodu se présente comme une vraie suite post-évasion : Ginger, Rocky et leur bande ont pris du galon et mènent désormais une résistance contre l’industrie du nugget. Les joueurs incarnent une escouade de trois poules au maximum, infiltrant divers complexes agricoles pour saboter la production et sauver des congénères condamnées à finir en plat du jour.

L’univers conserve à merveille l’identité Aardman. Les cinématiques intermissions sont animées avec ce célèbre style stop-motion numérisé, ponctué d’un humour visuel très réussi. On retrouve des antagonistes grotesques comme Sir Eat-a-Lot, archétype carnivore aussi ridicule qu’efficace dans son rôle de grand méchant. Côté casting, des voix comme Bella Ramsey, Jane Horrocks ou Romesh Ranganathan apportent un cachet vocal qui renforce l’impression de qualité de production.

Ce soin dans l’ambiance fait d’énormes merveilles : les pièges sont absurdes, les arrière-plans bourrés de détails cocasses, et les dialogues regorgent de ce flegme britannique qui évite au titre de sombrer dans la niaiserie. Pour un jeu mobile (et jouable aussi sur tablette), l’ensemble se démarque dès les premières minutes par son ton et sa mise en scène soigneusement dosés.

Une manière pour le studio de prouver qu’il est possible de produire un tie-in game sans trahir l’âme de la licence.

Une infiltration à destination de tous

Chicken Run: Commandodu prend la forme d’un jeu de réflexion déguisé en action-infiltration. La carte du monde est découpée en régions, chacune composée de missions courtes aux objectifs variés. À chaque mission, le joueur infiltre une ferme, évite les gardes, désactive les pièges et tente de libérer un maximum de poules en détresse. Trois objectifs optionnels sont attribués à chaque mission : infiltration sans alerte, rapidité d’exécution, collecte d’objets ou libération d’un quota minimum de prisonnières.

Ces performances donnent droit à des étoiles, qui débloquent ensuite de nouveaux personnages jouables et améliorent leur efficacité. Ce système de progression en apparence simpliste cache une profondeur tactique réelle. Chaque poule possède un talent de chef d’escouade et une compétence unique : l’une peut ralentir le repérage des ennemis, une autre dédouble les objets ramassés, une troisième pose un champ électrique paralysant, etc. Composer son trio en fonction des objectifs devient vite une habitude.

Des gadgets viennent compléter la panoplie, achetés avec les ressources collectées en mission : aimants pour déverrouiller des portes, télécommandes pour désactiver des lasers, ou déguisements robotiques rendant les personnages invisibles à l’arrêt. Le cœur du gameplay repose sur la gestion du terrain et de la ligne de vue, avec une vraie tension lors des séquences de sauvetage. Car une fois les cages ouvertes, les poules secourues fuient en panique vers la sortie, sans la moindre logique, forçant le joueur à improviser en urgence un couloir sécurisé.

Si l’on sent que le jeu reste calibré pour un public jeune (caméras indulgentes, pattern d’ennemis lisibles), le tout est suffisamment modulaire pour offrir un défi plus poussé aux joueurs curieux. Le mode « Classique » relève même le niveau avec des obstacles supplémentaires, là où le mode « Histoire » allège encore davantage l’expérience. Une manière habile de satisfaire à la fois les familles et les amateurs de scoring.

Un système d’escouade plus tactique qu’il n’y paraît

Derrière ses airs de jeu familial accessible, Commandodu propose une approche étonnamment nuancée dans la construction de son équipe. Chaque poule jouable dispose d’un pouvoir passif de commandement et d’une aptitude active à utiliser en mission. Par exemple, désigner Molly comme cheffe de l’escouade prolonge légèrement le temps avant détection par les caméras. MacKe, elle, peut générer un bouclier électrostatique et dupliquer les objets ramassés grâce à son sac à dos quantique.

Ce système oblige à composer son trio avec soin en fonction des défis de la mission. Certaines compétences facilitent l’approche discrète, d’autres sont taillées pour la fouille ou l’évasion rapide. À cela s’ajoute la possibilité de modifier l’équipement grâce aux gadgets débloqués, renforçant encore la personnalisation des stratégies. En combinant talents et outils, le joueur peut tester des configurations variées jusqu’à trouver celle qui maximise ses chances de réussite.

L’ensemble fonctionne comme une version allégée mais maligne d’un système de classes tel qu’on en retrouve dans les jeux tactiques. Pas assez profond pour séduire les mordus de min-maxing, mais suffisamment étoffé pour que les amateurs de gameplay optimisé y trouvent matière à expérimenter. De mission en mission, les compositions gagnantes s’affinent, les réflexes s’aiguisent, et la dimension stratégique devient un vrai levier de progression.

Quelques petits soucis techniques restent bien présents

Si Commandodu séduit par son ton et son humour, il révèle aussi quelques angles morts sur le plan technique. Le reproche le plus récurrent concerne la caméra : trop rigide, elle peine à offrir une bonne lisibilité dans certaines configurations, affichant parfois l’angle opposé à celui qu’on aurait souhaité. Dans un jeu basé sur la vigilance et l’anticipation des lignes de vue, ce genre d’imprécision finit par agacer.

Un autre souci est la répétitivité des situations. Malgré la diversité des gadgets et des personnages, les mécaniques de mission reposent souvent sur le même enchaînement — infiltrer, activer un levier, éviter un cône de vision, libérer, escorter. Ce schéma se reproduit avec des variations mineures, et peut devenir lassant sur de longues sessions.

Côté multijoueur, la promesse est alléchante : toute la campagne est jouable à deux en local, avec en bonus des niveaux conçus exclusivement pour le mode coopération. Dans les faits, cette dimension à deux manque parfois de clarté, notamment dans les missions standards. Les deux personnages à l’écran ajoutent du chaos visuel, et la coordination devient hasardeuse sans vraie lisibilité de l’action. Les niveaux dédiés à la coopération gèrent mieux cette contrainte, mais restent minoritaires.

Enfin, difficile d’ignorer la question du tarif. Proposé autour de 40 €, le jeu affiche un contenu honnête : une campagne complète, des dizaines de missions, un système de progression et un mode coop. Mais ce prix pourra sembler élevé aux joueurs peu sensibles à l’univers Chicken Run, d’autant que d’autres titres d’infiltration plus riches mécaniquement cohabitent sur les mêmes plateformes. À chacun de jauger selon son attachement à l’univers d’Aardman et son appétit pour les expériences plus légères.

Une adaptation qui ne pond pas dans le vide

Chicken Run: Commandodu ne casse pas vraiment les codes du genre mais tente de proposer un projet peaufiné. En misant sur un gameplay simple mais malin, un humour bien trempé et un respect total de l’univers Aardman, le jeu réussit là où beaucoup d’adaptations se contentent du strict minimum.

On y joue autant pour son ambiance que pour ses mécaniques, et c’est probablement là son plus grand mérite : il comprend ce qu’il adapte, et l’assume jusqu’au bout des plumes. Pour les enfants, c’est une porte d’entrée ludique à l’infiltration. Pour les adultes, un petit défi ponctuel, à condition de ne pas être allergique au style très marqué du jeu.

Loin d’être un poids lourd du genre, le soft livre ici ce qu’il promet : une aventure accessible, drôle et sans prétention. Et parfois, c’est exactement ce qu’on cherche dans une soirée canapé, manette en main.

 

Points positifs

  • Une fidélité totale à l’univers visuel et sonore de Chicken Run

  • Un gameplay accessible, adapté aux plus jeunes

  • Un système d’escouade simple mais astucieux

  • Une ambiance soignée avec de vraies cinématiques

  • Une vraie volonté d’offrir du contenu coopératif

Points négatifs

  • Une caméra souvent mal pensée

  • Une structure de mission trop répétitive

  • Un mode coopératif confus hors des niveaux dédiés

Terry 4WAG
Terry 4WAGhttps://www.4wearegamers.com/
Juste un homme qui donne vie à ses idées du haut de son clavier. Curieux de technologies et toujours enthousiaste pour les sorties vidéoludiques, je tâche de rester neutre sur un terrain ou une guerre de consoles inutile fait rage.

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