TEST – Ghost of Yotei : Quand l’élève surpasse le maître

Ghost of Yotei

Plateforme de test : PS5 Pro

Date de sortie : 2 octobre 2025

Développeur : Sucker Punch

Éditeur : Sony

Style : Action-aventure

Note :

8.5/10

Disponible sur :

L’attente fut longue et insoutenable pour les fans du Japon Féodal, des samouraïs et surtout, de Ghost of Tsushima. De longues rumeurs laissaient sous-entendre que le studio Sucker Punch travaillait sur une suite directe du premier jeu pour finalement nous annoncer effectivement une suite, mais en n’ayant aucun lien direct avec notre cher Jin Sakai. Nous avons découvert, testé et terminé ce Ghost of Yotei et il est temps pour nous de vous dire s’il s’agit d’une simple suite, ou de quelque chose de bien au-dessus.

Un air de vengeance et de déjà-vu

Ghost of Yotei est donc développé par Sucker Punch, le studio a qui l’ont doit le premier jeu Ghost, à savoir Ghost of Tsushima. L’histoire de Yotei se déroule 300 ans après les évènements liés à Jin Sackai et l’invasion de l’empire Mongole. Ici, on oublie le côté invasion et défense du territoire japonais, puisque le menace est interne. Nous incarnons Atsu, une jeune femme qui a vu sa vie bouleversé après que sa famille ait été sauvagement assassinée par un clan se faisant appelée, les Six de Yotei. Après des années d’entrainement, Atsu revient à Yotei avec une seule idée, se venger de ceux qui l’ont fait souffrir.

Forcément, beaucoup vont faire le rapprochement entre une histoire de vengeance et une liste de cibles avec Assassin’s Creed Shadows, mais croyez-nous, cela n’est qu’un hasard. Pour commencer, l’annonce d’AC Shadows a été faite en mai 2024 tandis que Ghost of Yotei a été présenté en septembre 2024. En sachant qu’il faut plusieurs années pour réaliser un jeu, on imagine bien que ce côté vengeance et liste n’est finalement qu’un pur hasard et pas une copie pure et simple. Voyez donc plus loin que quelques similitudes, car finalement, tout n’est qu’une question d’inspiration tant que les jeux ont leur propre identité.

L’orgueil avant l’honneur

Voyons ensuite en quoi Ghost of Yotei est différent de Ghost of Tsushima, car là aussi, la comparaison est évidente et pourtant, c’est bien 2 jeux différents. Dans cet épisode, nous incarnons donc Atsu, une fille du peuple, qui a grandi à la campagne et a appris le travail du fer et de la terre par son père. Elle ne possède aucun titre, n’est pas issue d’une noble famille et n’aspire à rien d’autre qu’à part la tranquillité, contrairement à Jin qui vient d’une noble lignée. Et ce point est justement très important afin de comprendre le mental d’Atsu et les choix que le studio a fait dans ce Ghost of Yotei.

Dans sa quête de vengeance, Atsu est prête à tout et peu importe la manière contrairement à Jin qui lui était tiraillé entre les règles du Bushido et son devoir de protéger le peuple. Cette dualité est absente avec Atsu, car seule la finalité de sa vengeance compte, elle vole, tue de manière sournoise, joue à des jeux d’argents, traque des primes pour des récompenses et vend ses services. Atsu est une fille du peuple et n’a que faire de la manière, des traditions ou de la noblesse et elle le rappelle dans ce jeu.

L’honneur pas pour Atsu

Ainsi, contrairement à Ghost of Tsushima, le nombre d’activités est supérieur et différent. Un axe important est le côté chasseur de prime. Vous trouverez dans certains villages des panneaux avec des demandes de recherches de prime afin de toucher de l’argent. Bien qu’il s’agisse souvent d’ennemi naturel d’Atsu, elle prendra un malin plaisir à les pister et récupérer à la fin sa récompense.

On retrouve aussi des jeux d’argents avec des jetons ou vous devrez faire ricocher l’un contre l’autre sans en toucher plusieurs ou sans les faire tomber de la table. Cela permet d’avoir de l’argent, mais aussi des charmes par exemple. Parmi les autres nouveautés, on retrouve aussi le feu de camp qui vous permet de vous reposer, jouer de la musique et cuisiner, vous aurez aussi des points d’observation ou vous pourrez dessiner la nature autour de vous. Dans ce qui est récurent à GOT, on a les terriers des renards pour obtenir des charmes, les sources chaudes pour l’amélioration de notre vie, les coupes de bambous pour notre esprit et les temples à vénérer pour justement obtenir des points des compétences. 

Le combat du peuple

Ghost of Yotei étoffe aussi un peu plus son système de gameplay et plus exactement de combat contrairement à Ghost of Tsushima. Si avec Jin, on devait se contenter d’un katana, une dague et un arc, Atsu, elle, utilise tout ce qui est possible. Katana simple, doublé épées, Odachi, Kusarigama, fusil, arc… De ce fait, Atsu est une novice en la matière et devra s’armer de patience, ce qui n’est pas sa principale qualité et se former auprès de maîtres. Mais même là, ce ne sera pas suffisant, vous aurez juste les bases, vous devrez par la suite, dans un arbre de compétence, étoffer votre savoir afin de devenir plus qu’une simple combattante, vous devrez devenir l’Onryo de Yotei.

Les armes dans Ghost of Yotei ne sont pas là juste pour varier le gameplay, mais s’inscrivent dans l’idée de se conformer aux nombreux et différents ennemis que vous rencontrerez. L’armée des Six de Yotei dispose d’une grande armée avec de nombreux profils, ils utilisent comme vous, toutes sortes d’armes, mais chaque arme à son contre. Par exemple, afin de contrer une lance, vous devrez prendre les doubles épées, face à un bouclier, seul le boulet du Kusarigama pourra l’exploser et provoquer des dégâts aux ennemis. Vous l’aurez compris, les armes sont mises en places pour proposer un gameplay non plus par le style de la technique présent dans Ghost of Tsushima, mais bien face aux types d’ennemis et d’armes que vous aurez devant vous. 

Autre intérêt majeur du jeu, les boss principaux et secondaires. Dans Ghost of Tsushima, nous devions faire face à des ronins ou généraux mongols. Ici, c’est différent, nous avons évidemment les Six de Yotei, mais aussi des ronins, des samouraïs et même des soldats de l’armée. C’est lors de ces combats que l’on peut vraiment juger de notre technique, car ils sont plus forts, plus rapide et plus combattif que les simples soldats que nous affrontons et tuons à tout de rôle. On notera juste un certain décalage au niveau difficulté face à certains boss. Certains nous feront suer à grosses goutes tandis que d’autres, seront vaincus en un seul try.

Seul vous êtes fort, mais à deux

Dans les trailers, Sucker Punch nous avait montré la présence d’une louve, une compagne aussi imprévisible que dangereuse. Son but est de vous aider, parfois, à livrer bataille face à des ennemis, mais ne croyez pas qu’elle est votre chien et qu’elle vous suit partout. Elle dispose de son propre arbre de compétence que vous pourrez améliorer via des quêtes secondaires extrêmement répétitives, mais cela permettra d’améliorer votre lien avec l’animal sauvage et le faire venir de façon moins aléatoire.

Pour l’appeler, vous aurez plusieurs possibilités, soit lors des confrontations déjà présentes et identiques au premier jeu, soit via votre instrument de musique avec une chanson dédiée à la bête. Difficile de dire que l’on s’attache à l’animal tant son apparition est aléatoire et que les quêtes ne nous plongent pas suffisamment en symbioses avec l’animal, néanmoins, cet ajout reste agréable et dynamise un peu les combats.

On est riche autrement qu’avec de l’argent

Ghost of Yotei raconte une histoire, celle d’Atsu qui cherche à se venger et ne vit que pour cela. Durant le récit, elle fera la rencontre d’autres personnages, se liera d’amitié et comprendra finalement que le monde n’est pas soit blanc ou noir, mais qu’il est nuancé. Il y a un vrai travail sur la psychologie de l’héroïne et sa quête qui évolue au fur et à mesure. Atsu est une fille du peuple, une fille qui n’avait rien demandé et qui a vu sa vie être bousculée du jour au lendemain.

Elle est devenue froide, morose, solitaire, mais ces traits vont s’adoucir et elle va changer et c’est pour nous une des grandes forces du jeu. Les missions, principales ou secondaires apportent de la nuances et de la profondeur à Atsu et face à chaque habitant d’Ezo, qu’il soit bon ou mauvais. On ne nait pas Onryo, on le devient, mais même si elle accepte difficilement ce fardeaux, Atsu tente lentement de s’en libérer.

L’écriture est donc maitriser de bout en bout dans cette histoire, elle raconte pas juste la souffrance d’une personne, mais bien celle d’un peuple face à l’ambition d’un seul homme. Mais là encore, c’est nuancé, car on a par moment, le point de vue d’autres personnes comme le peuple qui est scindé entre la maltraitance des Six de Yotei et d’un autre côté l’armée du shogun qui dit venir en paix, mais qui a des ambitions de pacification. Ainsi et comme toujours dans les productions Sony, l’écriture est maitrisé et à un rôle majeur dans cette histoire.

Tu es mon bel Onryo

Evidemment et comme dans Ghost of Tsushima, Sucker Punch cherche à faire un jeu poétique sur bien des aspects. L’un d’entre eux et forcément l’architecture et la direction artistique du jeu. On va retrouver certaines mécaniques propres et directement liées à la culture japonaise avec la présence d’animaux exotiques, des champs de fleurs s’étalant à perte de vue, le mont Yotei constamment présent en arrière-plan… Ghost of Yotei maitrise les panoramas, la mise en scène et la poésie graphique. On dispose toujours de cet ATH épuré avec le vent qui nous guide et qui nous laisse face à cette nature intrépide et douce. On va prendre du plaisir à se promener dans les champs avec la caméra qui prend de la hauteur et nous met face à ce monde si beau, mais pourtant brutal.

Malgré cela, on notera un travail un peu moins approfondi sur certaines textures et surtout au niveau des personnages. Les PNJ sont lisses, peu travaillés et montrent clairement qu’il n’était pas la priorité du studio qui semblait vouloir plutôt donner vie à cet environnement. Atsu et les personnages principaux brillent graphiquement lors des cinématiques, mais hormis cela, le manque de travail sera rapidement remarqué par les habitués aux détails et belles textures.

En résumé

Ghost of Yotei est selon nous, un épisode bien différent de Ghost of Tsushima, déjà de par l’écriture d’Atsu, de par ses motivations, mais aussi par le gameplay qui s’étoffe et s’enrichit. Il ne copie pas juste, il sublime et se transforme avec la suppression des styles de combats, par l’ajout d’une palette d’armes à maitriser. L’histoire qui est racontée est celle d’une fille du peuple sans attache pour les traditions, l’honneur, les règles ou le respect et cela se ressent par les activités, les quêtes secondaires, notre réputation et nos maitrises des armes. C’est donc clairement selon nous, un jeu qui diffère de l’esprit du samouraï instauré par Ghost of Tsushima et même s’il est dans la même veine, il s’améliore et est encore meilleur à nos yeux.

Points positifs :

• Un scénario et une écriture de qualité

• Le côté chasseur de prime
• Un arbre de compétence revu

• Un jeu conçu pour et avec la personnalité d’Atsu

• Le système de combat avec plusieurs armes

• La poésie graphique 

• Une bonne durée de vie pour terminer l’aventure principale (plus ou moins 45 heures)
  
  
• Une bande-son dans la même veine que le premier

Points négatifs :

• Des quêtes répétitives et vites sans intérêt

• Un travail graphique inégalé sur les PNJ

• Des combats de boss en dents de scie