Placer Oblivion Remastered dans l’histoire de la licence The Elder Scrolls, c’est comprendre son rôle de trait d’union entre deux épisodes emblématiques. D’un côté, le Morrowind de 2002, dense, exigeant, presque hermétique. De l’autre, Skyrim, né en 2011, plus accessible, épuré, centré sur l’expérience directe du joueur. Entre les deux, ce remaster d’Oblivion tente d’allier le meilleur des deux mondes : un univers riche et ouvert, avec une courbe d’apprentissage moins abrupte, tout en gardant une certaine complexité dans ses systèmes.

Oblivion Remastered, retour sur l’un des meilleurs RPG de sa génération

Cette aventure unique commence derrière les barreaux. Le joueur, simple prisonnier, est rapidement entraîné dans une suite d’événements impliquant l’empereur Uriel Septim VII, les Lames, et une amulette chargée de mystères. Ce préambule, court mais intense, installe immédiatement un sentiment d’urgence et de liberté. Dès la sortie des souterrains, Cyrodiil s’ouvre au joueur : plaines verdoyantes, montagnes enneigées, ruines anciennes, et une infinité de routes à explorer dans une version remaniée à la perfection.

Comparaison graphique entre la version originale et le remaster d’Oblivion – cathédrale de Chorrol

Ce qui fait d’Oblivion un jeu si particulier, encore aujourd’hui, c’est sa manière d’encourager la digression. Le scénario principal peut être suivi linéairement, mais il est tout aussi légitime de s’en écarter pour chasser des bandits, visiter des sanctuaires daedriques ou rejoindre la Confrérie Noire. Les factions, nombreuses, permettent d’explorer différentes facettes de l’univers, avec des arcs narratifs parfois plus marquants que la quête principale. Cette richesse de contenu, conjuguée à une structure ouverte, continue de faire de ce retour d’Oblivion en version remasterisée un jeu unique en son genre.

Unreal Engine 5 métamorphose Oblivion Remastered

Dès les premières minutes, Oblivion Remastered affiche clairement ses ambitions techniques. Le moteur Unreal Engine 5 insuffle un nouveau souffle visuel à Cyrodiil, sans pour autant trahir l’identité artistique d’origine. Le travail sur les modèles 3D est considérable : les visages des personnages, autrefois figés et approximatifs, bénéficient d’une meilleure définition et d’une synchronisation labiale plus naturelle. Cela se vérifie dès la cinématique d’ouverture avec l’Empereur, dont les expressions renforcent la portée dramatique de ses dialogues.

Sheogorath, le prince du chaos, dans une scène culte de Shivering Isles

Par ailleurs, la diversité des races est mieux rendue : le pelage des Khajiits ou les écailles des Argoniens affichent désormais des détails inédits, renforçant l’immersion. Les créatures hostiles, de leur côté, profitent d’un relooking complet. Les ogres, gobelins et autres morts-vivants gagnent en relief et en lisibilité, tout en conservant leur aspect grotesque propre à la direction artistique originale.

En parallèle, les environnements ont été réimaginés avec finesse. Les effets de lumière réalistes, les ombres dynamiques et la densité de la végétation apportent une véritable profondeur aux zones ouvertes comme aux donjons. Explorer une caverne à la torche ou traverser un col de montagne au lever du soleil produit un véritable effet de redécouverte. Même les détails les plus anodins, comme le bourdonnement d’insectes ou les reflets sur l’armure, participent à cette sensation d’univers tangible et vivant.

Balade paisible dans la campagne de Tamriel

Enfin, les animations de combat ont été retouchées pour gagner en fluidité. Les réactions aux coups, les déplacements durant les attaques puissantes et les effets sonores renforcent le feedback visuel et auditif. Le résultat, sans révolutionner le gameplay, améliore sensiblement la lisibilité des affrontements et renforce l’immersion lors des combats en vue subjective.

Oblivion Remastered : entre charme ancien et ajustements modernes

En dehors de la refonte graphique, Oblivion Remastered s’attarde sur plusieurs aspects de son gameplay. Si l’ossature générale reste fidèle à l’original, quelques ajustements viennent lisser l’expérience, notamment du côté du système de progression. Celui-ci repose toujours sur les compétences majeures et mineures, qui évoluent au fil des actions réalisées : décocher des flèches augmente le tir à l’arc, courir améliore l’athlétisme, etc. Mais contrairement à la version de 2006, chaque montée en niveau permet désormais de répartir des points de vertu dans trois attributs fixes, rendant le tout plus intuitif.

Combat dans un donjon contre un minotaure – Oblivion Remastered donjons et monstres

Cette nouvelle approche, plus claire et moins punitive, limite les frustrations liées à l’ancienne gestion de la montée en puissance, souvent opaque. Elle encourage aussi à se concentrer davantage sur le style de jeu souhaité, plutôt que sur l’optimisation mathématique de chaque action. Une manière d’ancrer davantage le joueur dans sa propre fantasy de personnage, sans sacrifier l’équilibre global du système.

Côté interface, les évolutions sont plus discutables. Le nouvel habillage graphique est lisible et cohérent, mais certains filtres de tri ou options de navigation manquent encore de clarté. Dans les phases d’exploration, on note également une certaine lourdeur dans les menus, notamment lorsqu’il s’agit de gérer l’inventaire ou les sorts. Rien de rédhibitoire, mais un terrain encore perfectible.

Enfin, les sensations en combat ont gagné en impact, sans pour autant bouleverser les mécaniques de base. Les attaques sont mieux animées, les effets sonores renforcent la perception des coups portés, et la vue à la troisième personne a été légèrement retravaillée pour offrir une alternative plus viable. Cela dit, les joueurs habitués à des standards modernes comme ceux de Elden Ring ou The Witcher 3 devront composer avec une certaine raideur propre à l’époque d’origine. Ce remake d’Oblivion reste un jeu au feeling particulier, à apprivoiser plutôt qu’à dompter.

Magie en plein combat face à une créature démoniaque

L’exploration libre et sa narration vivante

L’un des piliers de l’expérience Oblivion Remastered réside dans sa capacité à laisser le joueur tracer sa propre route. Si la quête principale invite à affronter les forces d’Oblivion pour sauver Tamriel, rien n’oblige à s’y consacrer immédiatement. On peut tout aussi bien passer des dizaines d’heures à errer sur les routes, fouiller des ruines oubliées ou dialoguer avec des PNJ excentriques aux répliques devenues légendaires, comme ce garde lançant un sec : « C’en est fini, criminel. Paye ton amende ou verse ton sang. »

Cette liberté d’approche s’étend aussi aux choix de progression. Devenir un héros glorifié, un assassin de l’ombre, un mage ambitieux ou un simple voleur errant : tout est possible. Le jeu récompense l’expérimentation, que ce soit en persuadant un garde de vous laisser tranquille, en dérobant un cheval après une rixe improvisée ou en recevant, dans votre sommeil, la visite glaçante d’un membre de la Confrérie Noire. Chaque action semble ouvrir une porte vers une nouvelle intrigue, souvent inattendue.

De plus, les environnements regorgent de micro-récits disséminés sans indication. Une caverne abandonnée peut abriter un sanctuaire oublié, un fort en ruine dissimuler des trésors et des pièges, et un simple détour par un sentier forestier peut déboucher sur un duel entre bandits et créatures. Autant d’éléments qui, sans notification à l’écran, invitent à l’observation et à la curiosité. Cette narration environnementale, encore rare à l’époque, trouve ici une nouvelle force grâce à la mise à jour graphique et à la richesse du sound design retravaillé.

Créature sylvestre dans la forêt de Cyrodiil – Oblivion Remastered Unreal Engine 5

Oblivion Remastered face aux performances et bugs

Sur le plan technique, Oblivion Remastered oscille entre belles promesses et limites structurelles. Si l’ensemble reste jouable dans de bonnes conditions, certains détails méritent d’être soulignés, à commencer par la stabilité générale. En configuration plutôt bonnes (RTX 4070, i5 13600K), le jeu tourne de manière fluide en 1440p avec DLSS activé en mode équilibré, mais des chutes de framerate sont notables en jouant avec la distance d’affichage ou les textures en haute qualité.

Pour garantir une meilleure stabilité, passer en 1080p avec un mix de réglages élevés et ultra permet de conserver une fréquence d’images constante. Toutefois, quelques ralentissements surviennent encore, notamment lors de transitions météorologiques ou au lever du soleil. Ces variations restent modérées, mais peuvent affecter l’immersion sur les configurations plus modestes.

En parallèle, quelques bugs se font ressentir de temps en temps. Le plus dérangeant concerne l’affichage des équipements : dans certains cas, un bouclier et un arc peuvent se chevaucher après avoir équipé une torche, gênant la lisibilité. Des flèches flottant dans les airs ont aussi été observées, tout comme des comportements erratiques de l’IA. Il n’est pas rare de voir un ennemi se figer face à un mur pendant qu’un autre se fait décimer à côté, sans réaction. À l’inverse, certains adversaires détectent le moindre bruit suspect et lancent une traque plus réactive que prévu.

Argonien contemplant la cité impériale de Cyrodiil – The Elder Scrolls IV: Oblivion Remastered

Si ces bugs n’entachent pas vraiment l’expérience du joueur, ils sont malgré le signe d’un socle technique qui n’a pas été entièrement purgé de ses imperfections d’origine. La fameuse “Bethesda Jenk” est toujours présente, mais dans une version atténuée, plus encadrée. Cela n’empêche pas le joueur de profiter pleinement de l’expérience, mais cela rappelle que Oblivion Remastered reste avant tout une adaptation fidèle, avec ses qualités… et ses petits travers.

Un jeu qui coche (presque) toutes les cases

À l’heure où beaucoup de remasters se contentent de filtres esthétiques ou d’ajustements minimalistes, Oblivion Remastered réussit un exercice bien plus ambitieux : ressusciter un RPG dense et parfois rugueux sans le trahir. Ce n’est pas une révolution, ni une refonte complète façon remake moderne, mais un vrai travail de restauration qui respecte les souvenirs des vétérans tout en facilitant l’entrée des nouveaux venus.

Ce qui frappe, au fond, c’est cette capacité du jeu à continuer de raconter des histoires sans les forcer, à laisser le joueur s’égarer pour mieux le rattraper plus tard. Derrière la technique remise au goût du jour, on retrouve ce vieux monde de Cyrodiil, toujours aussi imprévisible, parfois bancal, mais profondément attachant.

Certes, quelques bugs rappellent que l’ADN Bethesda est bien là, et certaines mécaniques ont vieilli. Mais l’ensemble fonctionne, grâce à une alchimie unique entre narration émergente, exploration libre et mise en scène plus vivante. En somme, Oblivion Remastered réussit à nous replonger là où tout avait commencé pour beaucoup : dans un monde ouvert où la meilleure quête est souvent celle qu’on ne cherchait pas.

Les points positifs

  • Une refonte visuelle saisissante grâce à l’Unreal Engine 5

  • Une liberté d’exploration toujours aussi grisante

  • Un univers riche en factions, quêtes secondaires et micro-histoires

  • Un système de progression repensé, plus clair et plus agréable

  • Une ambiance sonore retravaillée, immersive et cohérente

Les points négatifs

  • Des menus parfois lourds et peu ergonomiques

  • Une raideur dans les combats, en décalage avec les standards actuels

  • La VF n’est plus disponible !

Fiche technique de The Elder Scrolls IV: Oblivion Remastered :

Éditeur : Bethesda
Développeur : Virtuos
Date de sortie : Le 22 avril sur Xbox Series X|S (et Game Pass), PS5 et PC
Type : RPG
Langue : Anglais sous-titré français

NOS NOTES ...
NOTE GLOBALE
8
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Terry 4WAG
Juste un homme qui donne vie à ses idées du haut de son clavier. Curieux de technologies et toujours enthousiaste pour les sorties vidéoludiques, je tâche de rester neutre sur un terrain ou une guerre de consoles inutile fait rage.
oblivion-remastered-rpg-bethesda-unreal-engineOblivion Remastered ne cherche pas à réinventer ce que le jeu était, mais à le remettre sur pied pour les joueurs d’aujourd’hui. Et c’est probablement ce qui fait sa force : il accepte son héritage tout en soignant sa présentation. L’expérience reste authentique, parfois brute, mais souvent magique. Ce n’est pas un RPG moderne, c’est un RPG remis à flot, avec suffisamment d’amour et de justesse pour donner envie de se replonger dans Cyrodiil… ou de s’y perdre pour la toute première fois.

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