Le nouveau contenu de Destiny 2, intitulé Les Confins du Destin, est arrivé dans un climat particulier. Annoncé comme une extension plus modeste que La Forme Finale, ce DLC propose pourtant une campagne inédite, de nouvelles mécaniques de gameplay et une refonte de plusieurs systèmes fondamentaux du jeu. Mais malgré cette volonté d’aller de l’avant, la communauté reste divisée. Certains regrettent l’absence de voix françaises, d’autres pointent une campagne trop convenue. Le nombre de joueurs connectés, lui, reflète une forme de lassitude : sur Steam, le pic d’activité a plafonné à 100 000 joueurs, contre 300 000 pour les extensions précédentes. De quoi s’interroger sur la portée réelle de cette mise à jour.
Destiny 2 tourne un peu en rond, et ça commence à se voir
Depuis sa sortie en 2017, Destiny 2 a multiplié les mises à jour majeures et les extensions payantes, jusqu’à devenir un titre à la fois dense et complexe. Ce modèle de « jeu à tiroirs » était pensé pour maintenir l’engagement des joueurs sur la durée, mais il semble aujourd’hui montrer ses limites. Le lancement des Confins du Destin illustre cette fatigue : non seulement la fréquentation a baissé, mais une partie du public français déplore également la disparition des doublages en VF.
Ce retrait a alimenté le mécontentement, même si le reste du jeu reste entièrement traduit. Le refus de Bungie d’engager des voix locales a aussi été perçu comme un désengagement envers certaines communautés fidèles. Une décision qui intervient dans un contexte déjà tendu : La Forme Finale était censée clore un arc narratif long de huit ans. Beaucoup de joueurs y ont vu une conclusion, quitte à ignorer les contenus ultérieurs.
Ce sentiment de fin de cycle se reflète aussi dans les critiques liées au contenu. Le bestiaire reste identique, les factions ennemies n’ont pas évolué depuis plusieurs années, et les zones à explorer reposent toujours sur les mêmes schémas. L’univers de Destiny 2 conserve une direction artistique très forte, mais le manque de nouveauté pèse vraiment comme une ombre sur la franchise. La difficulté n’est pas tant dans la forme que dans la substance : renouveler un univers sans tout reconstruire. Et sur ce point, Les Confins du Destin peine à convaincre les anciens comme les nouveaux venus.
Des armes de niveau 5 qui montent en puissance, sans enterrer le reste
Avec cette extension, le studio de Bellevue introduit un système de tiers d’armes inédit, conçu pour stimuler la montée en puissance des joueurs. Les nouvelles armes de niveau 5 proposent des statistiques supérieures et des perks améliorables, ce qui permet de personnaliser davantage son arsenal. Mais cette nouveauté reste pour l’instant limitée par le nombre d’armes concernées.
Mais un détail a tout de même son importance: il faudra d’abord grimper en puissance avant de pouvoir réellement exploiter ces armes de haut rang. Et même là, toutes ne conviendront pas. Si l’arme ne vous plaît pas, peu importe qu’elle soit puissante, vous ne l’utiliserez pas. Le feeling de tir, le design ou la cadence restent des critères déterminants. L’exemple de l’Action aberrante, une arme très appréciée, montre bien ce décalage : son équivalent de niveau 5, la Mémoire retrouvée, offre des performances théoriques supérieures, mais un maniement jugé moins agréable.
D’autre part, le système n’invalide pas les anciennes armes. Au contraire, faute de contenu suffisant en tier 5, les joueurs doivent conserver leurs meilleurs équipements antérieurs pour continuer à affronter les activités de haut niveau. Cette cohabitation entre ancien et nouveau loot contribue à préserver la diversité des styles de jeu, en attendant un élargissement du catalogue.
Malgré sa portée encore restreinte, cette mécanique ouvre la voie à une évolution du gameplay plus fine, notamment pour les joueurs manette, qui pourront enfin viser des god rolls en stabilité avec plus de maîtrise. C’est une base prometteuse, à condition que Bungie enrichisse rapidement l’arsenal disponible.
Refonte des armures et des builds : plus de liberté, moins de galère
Les statistiques d’armure ont elles aussi été revues. Chaque pièce équipe désormais un système de bonus évolutif, qui se déclenche lorsque certaines valeurs dépassent un seuil fixé à 100 points. Cette approche plus granulaire permet d’affiner les builds sans tout recommencer, en optimisant la répartition des points selon les besoins.
Le fonctionnement est simple : en dépassant le cap de 100, un avantage amélioré s’active. Par exemple, une valeur élevée en grenade confère un bonus de +17,7 % de dégâts en PvE. Si ce seuil redescend, le bonus disparaît, mais les gains de base restent actifs. Ce système offre une lisibilité accrue et permet une construction progressive de builds spécialisés, sans pénaliser les configurations existantes.
Les anciens ensembles d’armures restent viables : il suffit de réajuster certains paramètres pour tirer parti de la nouvelle logique. Grâce à des outils comme DIM, il devient plus facile de rechercher les meilleures combinaisons. On peut même viser des extrêmes, comme 200 points en grenade, à condition d’avoir accumulé suffisamment de pièces compatibles. Ce système favorise la créativité sans imposer une remise à zéro, un compromis bienvenu qui redonne du souffle à la dimension RPG du jeu.
Cette mécanique réintroduit également un sentiment de progression claire, qui manquait parfois dans les derniers contenus. En rendant visibles les bénéfices de chaque palier, Bungie parvient à encourager la personnalisation sans complexifier inutilement l’interface. Pour les joueurs investis dans l’optimisation, cela ouvre des perspectives intéressantes.
Le nouveau Portail d’activités : pratique sur le papier, flou en pratique
Présenté comme un outil central d’accès aux missions et aux quêtes, le Portail d’activités vise à simplifier la navigation dans le jeu. Organisé par onglets, il propose un aperçu direct des campagnes disponibles, des défis saisonniers et des objectifs à court terme. Sur le papier, l’intention est claire : offrir aux joueurs un point d’entrée unique pour ne plus se perdre dans les menus fragmentés du passé.
En pratique, le portail souffre d’un manque de clarté. Aucun tutoriel n’accompagne son utilisation, ce qui rend l’outil peu intuitif, surtout pour les nouveaux venus ou ceux qui reviennent après une longue pause. On y trouve certes des indications sur le temps requis pour chaque activité, ou les récompenses associées, mais l’ensemble reste austère et peu guidé.
Certaines catégories, comme les activités de l’espace saisonnier ou les escouades à loot prioritaire, sont mal expliquées. Des icônes apparaissent sans légende, des missions semblent liées à des événements sans contexte. Ce flou entretient une confusion qui va à l’encontre de l’objectif initial : rendre le contenu plus accessible.
Malgré tout, la base est là. Le portail classe efficacement les types d’activités (solo, escouade, loot rapide) et permet d’évaluer le temps d’engagement nécessaire, un détail appréciable pour les sessions de jeu courtes. Mais sans accompagnement pédagogique, l’outil risque de rester sous-exploité. Bungie devra corriger rapidement cette lacune s’il veut réellement en faire un levier de rétention pour les profils moins aguerris.
Kepler apporte du neuf sans transcender l’expérience
Le DLC introduit la planète Kepler et ses mécaniques inédites, construites autour de trois capacités spécifiques : une boule énergétique pour les déplacements, un canon directionnel et un pouvoir de déplacement de matière. Ces outils modifient l’approche des missions, en combinant mobilité, puzzle et affrontements dynamiques.
Dans les faits, cette variété s’épuise vite. Les premières missions de la campagne sont avant tout des tutoriels déguisés, dédiés à l’apprentissage de ces nouveaux pouvoirs. La structure devient répétitive, et les séquences s’étirent sans réel enjeu. Ce n’est que dans les dernières missions que le rythme s’accélère, enchaînant des phases de combat nerveuses et des sections de plateforme bien pensées.
Si la maîtrise des pouvoirs finit par offrir une certaine fluidité, l’ensemble manque de renouvellement. La campagne repose presque exclusivement sur l’usage de ces mécaniques, ce qui finit par nuire à l’équilibre général. La promesse de Kepler, pourtant séduisante sur le papier, s’essouffle à force de recyclage. Même les ennemis rencontrés n’apportent aucune surprise : le bestiaire reste familier, et aucun nouveau type d’adversaire ne vient enrichir le gameplay.
L’univers visuel de Kepler séduit par son ambiance déconnectée des repères classiques de Destiny, mais il ne suffit pas à masquer le manque de diversité dans l’expérience. Le concept fonctionne, mais il aurait mérité une progression plus variée et des missions aux objectifs mieux différenciés.
Une campagne solo qui vise juste, mais manque d’impact
La campagne des Confins du Destin prend le parti de s’éloigner du ton habituel de Destiny pour explorer le passé d’Ikora Rey, jusque-là rarement mise en avant. Ce virage narratif offre un éclairage bienvenu sur un personnage secondaire, en apportant une touche plus intime à l’intrigue. Le cadre rétro-futuriste et les références esthétiques aux années 1980 participent à ce changement d’atmosphère.
Cependant, au-delà de cette initiative scénaristique, la structure générale reste trop rigide. La progression s’articule autour d’un long segment d’apprentissage des capacités de Kepler, qui occupe les trois quarts de la campagne. Ce découpage, essentiellement pédagogique, ralentit le rythme et limite les variations de gameplay.
Les dernières missions tentent de redresser la barre avec des phases plus dynamiques mêlant puzzles, parkour et combats en rafale. Mais le contraste avec les débuts trop lents renforce un sentiment d’inégalité. L’absence de nouveaux ennemis marquants alourdit encore ce déséquilibre : même dans un environnement inédit, les combats rappellent ceux des précédents DLC.
L’intention est là, la réalisation reste en retrait. Ce contenu solo se positionne plus comme une transition que comme un arc marquant. Il offre quelques idées intéressantes sans parvenir à les porter jusqu’au bout.
Une fois la campagne finie : farming, exotiques et montée en puissance
Une fois la campagne terminée, le contenu de haut niveau prend le relais. Les joueurs peuvent se concentrer sur l’acquisition d’équipements exotiques, la montée en puissance par les activités de prestige, ou encore les campagnes à rejouer en difficulté légendaire. Plusieurs défis hebdomadaires et quêtes secondaires complètent cette structure.
Parmi les activités mises en avant, certaines missions permettent de récolter des pièces d’équipement rares, comme le masque de sécurité technique, indiqué dans l’interface par son temps d’exécution estimé. Ce système donne un aperçu rapide du loot potentiel et du temps requis, un point utile pour optimiser ses sessions.
Toutefois, ce contenu post-campagne souffre de la même carence que le reste du DLC : un manque d’explication. Les activités liées au portail, les objectifs saisonniers ou les quêtes spécifiques restent floues pour de nombreux joueurs. Bungie mise sur l’exploration spontanée plutôt que sur un balisage clair, ce qui freine l’accès aux outils de progression.
Le loot de montée en puissance reste présent et encourage les boucles de farming habituelles, mais l’absence d’un tutoriel ou d’un accompagnement visuel nuit à l’efficacité du système. Les plus investis s’y retrouveront, les autres devront s’en remettre aux guides communautaires pour optimiser leur parcours.
Un DLC qui fait le boulot, sans vraiment relancer la machine
Les Confins du Destin tente de réinjecter du dynamisme dans Destiny 2 avec une poignée de nouveautés ciblées : une refonte des builds, un système de tiers pour les armes, des activités mieux structurées. Mais ces ajustements, bien que pertinents sur le papier, peinent à faire oublier un moteur narratif à bout de souffle, des mécaniques recyclées et une direction artistique figée. Le DLC s’adresse d’abord aux joueurs déjà investis, capables de naviguer dans des systèmes complexes sans accompagnement clair. Les autres risquent de s’arrêter au seuil d’un contenu qui n’a plus la force d’embarquer les curieux.
Points positifs
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Une refonte des builds claire et efficace, sans pénaliser les anciens équipements
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Un système d’armes tier 5 prometteur, bien intégré à l’existant
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Des bonus d’armure évolutifs qui relancent la customisation
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Un univers visuellement cohérent, malgré le manque de nouveautés
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Un endgame toujours dense pour ceux qui veulent farmer
Points négatifs
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Une campagne solo trop lente, sans réels moments forts
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Pas de VF au lancement (y en aura-t-il encore une ?)
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Une planète Kepler sous-exploitée, malgré de bonnes idées
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Un Portail d’activités confus, surtout pour les nouveaux joueurs
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L’absence de voix françaises, qui crée une vraie rupture pour le public francophone