
Romancing SaGa 2 : Revenge of the Seven
Plateforme de test : Nintendo Switch 2
Date de sortie : 24 octobre 2024
Développeur : Square Enix
Éditeur : Square Enix
Style : RPG
Disponible sur :
Sorti à l’origine en 1993 sur Super Famicom, Romancing SaGa 2 n’avait jamais officiellement franchi les frontières du Japon dans sa version d’époque. Aujourd’hui, Square Enix ressuscite ce RPG de niche via une refonte ambitieuse, optimisée pour la Switch 2, avec une promesse : respecter l’ADN du jeu tout en le rendant plus accessible. Ce remake s’inscrit dans une lignée de retours stratégiques pour l’éditeur, aux côtés de Live A Live ou encore Dragon Quest III HD-2D. Mais alors, que vaut vraiment cette nouvelle édition ? Et surtout, cette mise à niveau justifie-t-elle son tarif ? Plongée dans un RPG exigeant, profondément atypique, qui mise tout sur la liberté, la transmission générationnelle et la stratégie à long terme.
Romancing SaGa 2 : un vieux RPG qui n’a pas dit son dernier mot
Romancing SaGa 2 est l’un de ces jeux cultes longtemps restés dans l’ombre, faute de localisation et de moyens techniques adaptés. Son système de jeu novateur en 1993, centré sur une dynastie impériale et des embranchements narratifs non linéaires, a longtemps fasciné les amateurs de JRPG hardcore. Le remake ne se contente pas d’un simple lissage graphique : il remet en lumière un système de succession unique, dans lequel le joueur incarne une lignée d’empereurs successifs, chacun héritant des compétences et des décisions de son prédécesseur.
L’histoire de base est simple mais porteuse : sept anciens héros, jadis sauveurs du royaume, reviennent en tant que tyrans démoniaques. En tant qu’Empereur d’Avalon, le joueur doit réunir des alliés, reconquérir les territoires perdus, construire son empire et percer le mystère de la chute de ces légendes déchues. Chaque victoire, chaque exploration, chaque construction dans le royaume influe sur le présent… mais aussi sur les générations futures. Ce concept de progresser à travers le temps confère au jeu une profondeur rare, où chaque choix laisse une empreinte durable.
Dans un paysage vidéoludique saturé de RPG à la progression linéaire, Romancing SaGa 2 impose un rythme différent : exigeant, souvent opaque, mais profondément gratifiant pour qui accepte de plonger dans sa logique. Le remake conserve cette approche, tout en y injectant une modernisation bienvenue qui évite l’écueil de l’ultra simplification.
Un système de jeu qui traverse les générations sans perdre le nord
La richesse de Romancing SaGa 2 repose avant tout sur la synergie de ses mécaniques. Le système de succession permet à chaque Empereur d’hériter des compétences et des décisions de son prédécesseur, renforçant le sentiment de continuité. À mesure que l’on avance, de nouvelles classes se débloquent, certaines nécessitant des conditions particulières ou un long travail de préparation. Par exemple, accéder à une classe liée à la navigation implique d’avoir exploré un port pirate ou d’avoir rallié certains royaumes dans un ordre spécifique.
Les combats au tour par tour intègrent une dimension tactique rarement vue. Chaque personnage dispose de Points de Vie (HP), mais surtout de Points de Vie Totale (LP). Lorsqu’un personnage tombe à zéro HP, il perd un LP. Atteindre zéro LP signifie la mort permanente du personnage. Cela pousse le joueur à éviter le grind inutile et à gérer ses ressources avec finesse. Une simple session d’entraînement peut coûter cher à long terme, surtout avant une confrontation décisive.
Le jeu introduit aussi des formations de combat, véritables schémas tactiques. L’Iron Cross, par exemple, place un personnage en avant avec une défense renforcée, tandis qu’un autre en queue est protégé mais agit plus lentement. Certaines formations améliorent l’attaque magique ou la défense élémentaire, devenant cruciales contre des boss qui frappent en ligne ou en zone. C’est une mécanique centrale à maîtriser pour espérer avancer.
L’évolution des compétences suit une logique d’usage : plus un type d’arme ou de magie est utilisé, plus il se développe. Mais ici, le système répartit les points de progression selon l’ensemble des techniques utilisées durant un combat, évitant le grind répétitif. Les attaques hybrides – mêlant par exemple vent et épée – améliorent plusieurs types en une seule action, ce qui encourage la diversité d’approche.
Chaque génération apporte sa part d’exploration, de constructions et de gestion, et le joueur doit penser à long terme : construire un laboratoire de mages ou une forge permet de débloquer de nouveaux équipements ou sorts. Ces choix influencent directement les possibilités futures, renforçant l’aspect stratégique et planificateur du jeu.
La profondeur de ces systèmes, leur complémentarité et leur difficulté mesurée font de Romancing SaGa 2 un jeu unique, bien loin des conventions du genre. C’est un JRPG à apprivoiser, pensé pour les joueurs patients, méthodiques et curieux.
Quêtes, liberté et rejouabilité : un vrai bac à sable narratif
Romancing SaGa 2 mise sur une progression ouverte, où le joueur est libre de forger son propre chemin à travers les royaumes. Le jeu regorge de quêtes secondaires à embranchements multiples, dont certaines peuvent modifier radicalement l’avenir de l’empire. Par exemple, sauver une ville menacée permet de la voir prospérer après un saut dans le temps, débloquant ainsi de nouveaux équipements ou accès stratégiques.
Ce monde dynamique n’est pas qu’un décor : il évolue en fonction des choix du joueur. Des situations étonnantes surgissent sans prévenir : défendre un peuple de taupes contre des termites géants, construire un navire terrestre géant pour affronter un autre colosse en quête de drogues rares, ou encore arbitrer un coup d’État. Ces scénarios sortent des sentiers battus et participent à l’identité unique du jeu.
Chaque décision pèse sur le long terme. Certaines ramifications sont limpides, mais d’autres s’avèrent frustrantes par leur opacité. Des quêtes entières peuvent échouer sans que le joueur n’en ait conscience, un simple choix de dialogue mal interprété ou un ordre d’action inadapté suffisent. Cela peut encourager l’usage d’un guide, surtout lors d’une première partie.
Mais ce système trouve tout son sens en New Game Plus, où l’on peut explorer des routes alternatives et optimiser ses stratégies. Cette non-linéarité assumée donne envie de relancer l’aventure plusieurs fois, pour voir l’impact de choix différents, débloquer des classes inédites ou améliorer la construction de son empire.
Romancing SaGa 2 ne guide pas, il suggère. Il ne récompense pas l’efficacité immédiate, mais la vision sur le long terme. Une philosophie rare dans le RPG japonais contemporain, et qui participe à sa singularité.
Une histoire à écrire soi-même dans Romancing SaGa 2
Le récit de Romancing SaGa 2 intrigue autant qu’il désoriente. L’histoire principale, centrée sur les Sept Héros devenus tyrans, se découvre par fragments disséminés à travers le monde. Ces bribes de vérité prennent la forme de visions secrètes, de rencontres secondaires ou de dialogues cryptiques, donnant au jeu un aspect presque archéologique : c’est au joueur de reconstituer la trame.
Cette narration éclatée laisse une large place à l’interprétation. La structure impériale et les nombreux sauts temporels posent des questions sur la continuité de l’univers, mais c’est aussi ce flou qui alimente l’imaginaire. On peut facilement projeter sa propre vision du royaume et bâtir un rôle cohérent pour son lignée, renforçant l’immersion dans cette épopée générationnelle.
Toutefois, cette liberté a un revers : certaines décisions clés sont opaques, voire injustes. Des dialogues sans indice réel peuvent influencer le déroulé de quêtes majeures, ou bloquer l’accès à certains arcs narratifs. Il n’est pas rare de rater une séquence entière simplement parce qu’un événement a été déclenché trop tôt ou dans le mauvais ordre. Cette frustration est accentuée par l’absence d’indicateurs ou de journal de quêtes structuré.
Malgré ces écueils, l’ensemble fonctionne grâce à l’univers riche et à la part laissée à la projection du joueur. Plus qu’un scénario figé, Romancing SaGa 2 propose une expérience narrative modulable, où chaque partie raconte une histoire différente, façonnée par les choix, les oublis… et parfois même les échecs.
Romancing SaGa 2 sur Switch 2 : ça tourne mieux, mais pas parfait
Sur le plan technique, la version Switch 2 marque un vrai bond en avant. La résolution passe en 1080p en mode portable, avec un affichage encore plus propre en docké. Les temps de chargement ont été divisés par deux, rendant la navigation et les transitions beaucoup plus fluides. Autre évolution notable : le jeu vise désormais les 60 images par seconde, avec des chutes rares et localisées.
Cette amélioration n’est pas gratuite : le patch Switch 2 pèse près de 16 Go et coûte 10 € si vous possédez déjà la version de base. Contrairement à ce que proposent gratuitement d’autres jeux, ici Square Enix opte pour un modèle payant. Il n’existe pas d’édition physique dédiée à cette version améliorée : pour en profiter, il faut acheter le jeu original, puis l’upgrade.
Graphiquement, le jeu reste modeste. La direction artistique oscille entre charme rétro et générique anime, avec des environnements parfois très inspirés, parfois ternes. Certaines classes manquent de lisibilité avec des teintes fades et des éléments d’armure mal intégrés. On note aussi des effets de pop-in récurrents, notamment sur les textures et les vêtements, même après les améliorations.
Côté audio, la bande-son conserve les compositions originales et leurs orchestrations modernes, mais la boucle rapide de certaines pistes limite leur impact.
Les menus, enfin, constituent l’un des points les plus critiquables : beaucoup de fonctions sont enfouies sous des couches peu intuitives, sans vraie séparation entre les catégories (audio, gameplay, visuel, etc.). Cela nuit à l’ergonomie d’ensemble, malgré une richesse fonctionnelle appréciable.
Un univers qui surprend par moments, mais reste parfois trop sage
Sans jamais révolutionner le genre, Romancing SaGa 2 affiche une identité visuelle sobre et parfois déroutante. Certains environnements bénéficient d’un soin particulier : décors forestiers baignés de lumière, cités en ruines aux allures éthérées, ou donjons à la verticalité surprenante. D’autres, en revanche, tombent dans une esthétique fade ou générique, peinant à marquer l’imaginaire.
La conception des personnages suit la même logique. Si certaines classes arborent des costumes originaux ou des silhouettes immédiatement reconnaissables, d’autres semblent piochées dans un catalogue de sprites sans grande personnalité. Le patch Switch 2 améliore les contours, affine l’affichage, mais ne corrige pas le manque de cohérence artistique.
Sur le plan sonore, la bande originale frappe juste. Les compositions réorchestrées conservent la richesse mélodique de l’époque Super Famicom, avec des thèmes de combat énergiques et des musiques d’ambiance immersives. Dommage que plusieurs pistes soient trop courtes ou se répètent trop rapidement en boucle. Le doublage, quant à lui, reste inégal : certaines voix fonctionnent bien, d’autres souffrent d’une direction trop neutre ou d’une traduction littérale.
Malgré ses imperfections, l’ensemble dégage une atmosphère singulière. Ce n’est pas un jeu qui éblouit à chaque instant, mais un RPG qui s’installe progressivement dans la mémoire du joueur, par touches, à travers ses silences, ses ambiances et ses choix esthétiques souvent audacieux mais parfois maladroits.
Romancing SaGa 2, un JRPG exigeant qui ne plaira pas à tout le monde (et c’est très bien comme ça)
Romancing SaGa 2 n’est pas un remake pour tout le monde. C’est un jeu exigeant, dense, qui refuse la facilité. Mais c’est aussi une œuvre profondément audacieuse dans sa structure, récompensant les joueurs investis avec une richesse de mécaniques et de récits rarement égalée. La version Switch 2 n’efface pas tous les défauts d’origine, mais elle en sublime les qualités avec un confort de jeu nettement amélioré. Pour les amateurs de JRPG hors normes, c’est une expérience à ne pas manquer.

Romancing Saga 2: Revenge of the Seven – (Nintendo Switch)
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Points positifs
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Une approche narrative non linéaire rare dans le genre
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Un système de succession et de générations très bien pensé
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Une grande liberté stratégique dans les combats et la gestion de l’empire
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Une rejouabilité très forte grâce au New Game Plus
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Une version Switch 2 techniquement plus fluide (60 FPS, 1080p, chargements réduits)
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Une bande-son réorchestrée fidèle et efficace
Points négatifs
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Une opacité frustrante dans certaines mécaniques et choix de quêtes
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Des menus mal organisés et peu ergonomiques
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Une direction artistique inégale, parfois un peu fade
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Des effets de pop-in et quelques bugs gênants
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Une mise à jour payante alors que d’autres jeux concurrents proposent des upgrades gratuits