
Metal Gear Solid Delta : Snake Eater
Plateforme de test : PS5 Pro
Date de sortie : 26 août 2025
Développeur : Konami
Éditeur : Konami
Style : Action – infiltration
Disponible sur :
Il aura fallu près d’une décennie pour que les fans de Metal Gear voient enfin renaître Snake Eater dans une forme digne de son héritage. Après l’épisode controversé du pachinko réservé aux salles d’arcade japonaises, Konami revient avec Metal Gear Solid Delta: Snake Eater, un remake complet du célèbre opus sorti en 2004. Pourtant, malgré des visuels retravaillés et une communication savamment orchestrée, le résultat est reçu de manière mitigée par les fans. Entre une fidélité revendiquée et sa modernisation prudente, ce remake soulève de nombreuses interrogations : à qui s’adresse-t-il réellement, et à quel prix ?
Quelles nouveautés dans Metal Gear Solid Delta ?
Le principal argument de Metal Gear Solid Delta repose fatalement sur sa refonte visuelle. Utilisant l’Unreal Engine 5, Konami livre une version techniquement impressionnante, avec des environnements détaillés, des jeux de lumière réalistes et des animations retravaillées. Dès le saut en parachute d’introduction, le ton est donné : ce qui n’était autrefois qu’un skybox rudimentaire devient une scène vertigineuse, tangible, presque cinématographique. Le rendu des matières, la boue, les éclaboussures sur le visage de Snake ou encore les reflets de l’eau apportent une surcouche bien plus naturelles à des scènes pourtant familières.
Côté gameplay, le studio a opté pour une modernisation mesurée. Les contrôles s’inspirent de The Phantom Pain et ne sont pas là pour bouleverser l’expérience d’origine. Le système de déplacement reste fluide, avec quelques ajustements bienvenus : les commandes de tir déplacées sur les gâchettes, la sélection de camouflage simplifiée via la croix directionnelle. Aucun ajout spectaculaire ici, mais une ergonomie repensée qui rend la prise en main plus intuitive, et c’est tant mieux.
Pour autant, ces améliorations ne masquent pas l’absence de nouveautés structurelles. Aucun niveau inédit, pas de boss revisité ni de mécanique transformée. Delta se contente d’adapter, de lisser, de polir. Cela suffit-il à justifier sa place dans une industrie où le remake est devenu monnaie courante ? La question reste ouverte.
Un remake trop sage, plus proche du remaster ?
Malgré ses ambitions visuelles, MGS Delta reste fondamentalement ancré dans le moule de son prédécesseur. Le level design, linéaire et cloisonné, n’a pas été modifié pour s’adapter aux standards modernes. Les environnements conservent leur structure initiale, rendant inutile l’ajout de certaines capacités de mouvement pourtant héritées des épisodes récents.
Ce choix de respecter à la lettre la structure d’origine garantit l’authenticité de l’expérience, mais limite aussi le potentiel de redécouverte. Le sentiment de déjà-vu est renforcé par l’absence d’ajouts notables. Certains joueurs retrouveront avec plaisir leurs repères, tandis que d’autres pourraient regretter l’absence d’un souffle neuf.
Sur le plan des mécaniques, Delta démontre que Snake Eater n’a rien perdu de sa profondeur. Les systèmes d’infiltration, de camouflage, de soins ou de gestion de la nourriture demeurent intacts. Mais la modernisation de l’interface et des contrôles ne modifie pas le cœur du gameplay. Pour les habitués, le jeu se joue presque à l’identique, ce qui donne l’impression de manipuler un simple mod graphique haut de gamme plutôt qu’un véritable remake.
Ce paradoxe entre fidélité absolue et manque d’audace place ce jeu de 2025 dans une position délicate : il ne trahit pas l’œuvre originale, mais n’ose pas non plus la transcender.
MGS Delta est-il le meilleur point d’entrée dans la saga ?
Avec sa prise en main modernisée et son habillage technique de dernière génération, Metal Gear Solid Delta s’impose comme une porte d’entrée séduisante pour les joueurs qui découvriraient la série. Moins rugueux que les épisodes PS1 et PS2, il propose une expérience plus fluide, débarrassée des contraintes de l’époque, et plus lisible sur le plan narratif. À première vue, tout semble réuni pour initier un nouveau public à l’univers dense de Kojima.
Cela dit, en commençant la série par Snake Eater, le joueur perd l’effet de découverte progressive qui faisait la richesse de la narration en ordre de sortie. L’histoire de Big Boss, présentée ici comme un point de départ limpide, était initialement pensée comme une révélation, un flashback puissant qui éclairait les zones d’ombre des précédents épisodes. Revenir ensuite à Metal Gear Solid 1 ou Sons of Liberty risque d’altérer cette dynamique.
Ce que certains présentent comme une solution idéale, à savoir commencer par le début chronologique, pourrait donc appauvrir l’expérience narrative globale. L’une des forces de la saga résidait dans sa capacité à faire confiance au joueur, à l’amener à recoller les morceaux lui-même. Delta, en inversant cette logique, propose une approche plus confortable, mais peut-être moins marquante.
Un remake qui pose de vraies questions sur la conservation vidéoludique
En pleine ère de dématérialisation, la question de la conservation des œuvres devient centrale, et Metal Gear Solid Delta sse retrouve indéniablement en plein cœur de ce débat d’actualité. Avec ses 100 Go d’espace requis, le titre incarne les dérives d’un modèle où l’accessibilité immédiate masque une fragilité structurelle. Aujourd’hui disponible sur PS5, Xbox Series et PC, qui peut garantir que ce sera encore le cas dans cinq ou dix ans ?
Konami a, certes, récemment facilité l’accès aux anciens jeux via des compilations rétro, mais la multiplication des remakes et remasters pose une vraie question : à force de rééditer les mêmes titres, modifiés ou non, ne risque-t-on pas de perdre la trace de l’original ? L’existence de Delta ne remplace pas MGS3, mais pourrait progressivement l’éclipser auprès des nouvelles générations.
Plus encore, cette logique de consommation rapide transforme la relation à l’œuvre : un produit mis à jour, consommé, puis remplacé. Le danger est réel de voir l’histoire vidéoludique devenir un empilement de versions successives, chacune effaçant partiellement la précédente. Delta, dans ce contexte, n’est pas qu’un simple remake : c’est aussi un symptôme d’une industrie en quête de contrôle sur son propre patrimoine.
Un retour sans prise de risque pour la meilleure franchise d’infiltration
Sans fausse note majeure ni réelle prise de risque, Metal Gear Solid Delta s’avère être davantage une œuvre de transition, entre de la préservation fidèle et une modernisation fonctionnelle. Il s’adresse autant à ceux qui souhaitent redécouvrir Snake Eater dans un écrin technique actualisé qu’à un nouveau public curieux de s’immerger dans l’univers de Kojima. Pourtant, il laisse une impression de neutralité, comme si l’envie de ne pas trahir l’original avait freiné toute forme d’audace créative. Le résultat est propre, accessible, mais peut-être trop sage pour marquer durablement les esprits. À une époque où les remakes deviennent un réflexe éditorial, Delta rappelle que l’enjeu ne se résume pas à lisser les textures : il s’agit aussi de réinventer le regard porté sur une œuvre culte.

Metal Gear Solid Delta Snake Eater D1 Edition
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Les points positifs
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Une refonte graphique de très haute volée
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Le respect absolu de l’œuvre originale
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Une ergonomie modernisée et agréable
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Un excellent point d’entrée pour les nouveaux joueurs
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L’atmosphère intacte malgré le lifting visuel
Les points négatifs
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Une absence totale de nouveautés de fond, ce qui peut frustrer pas mal de joueurs
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Un remake qui n’ose ni réinventer ni enrichir l’expérience