TEST – Mario Kart World sur Nintendo Switch 2

Mario Kart World

Plateforme de test : Nintendo Switch 2

Date de sortie : 5 juin 2025

Développeur : Nintendo

Éditeur : Nintendo

Style : Course arcade

Note :

8,5/10

Disponible sur :

Dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Nintendo pour proposer une véritable suite à Mario Kart 8 Deluxe, un titre qui a dominé le marché du karting arcade comme peu d’autres et qui était déjà présent sur Wii U. En 2025, plutôt que de peaufiner une formule déjà bien huilée, le constructeur japonais choisit de tout changer avec Mario Kart World. L’objectif est ici de pas rivaliser avec le passé, mais le contourner. Ce nouvel opus introduit un concept inattendu dans la franchise : un véritable monde ouvert, à explorer librement, où chaque circuit s’inscrit dans une géographie cohérente. Le résultat : un Mario Kart plus ambitieux, plus libre, et aussi plus clivant.

Mario Kart World bouleverse la formule traditionnelle de la licence

En décidant de s’éloigner des codes classiques du jeu de course arcade, Nintendo fait le choix d’un renouvellement en profondeur. Mario Kart World abandonne les menus classiques pour un système de navigation en temps réel, où chaque circuit est une région physique d’un même monde connecté. Ce changement structurel s’accompagne de nouvelles manières de jouer : le Grand Prix, par exemple, n’enchaîne plus les courses via un écran de chargement, mais via des trajets routiers jouables entre les circuits. La course ne s’arrête jamais vraiment.

La cohérence spatiale s’étend jusque dans le gameplay. Les circuits se démarquent par des enchaînements de routes, de raccourcis, et de sections verticales où les nouvelles mécaniques comme le rail grinding ou le wall running trouvent toute leur place. Ce choix offre un nouveau rythme aux parties, moins saccadé, plus fluide, mais surtout plus immersif. Chaque piste devient un décor naturel, pensé pour être exploré, contourné, ou traversé selon la stratégie du joueur.

Ce virage conceptuel montre bien que Mario Kart World ne veut pas simplement être ce jeu de course classique de chez Nintendo. Il devient un terrain de jeu ouvert, un espace de circulation où le tracé des pistes ne limite plus l’expérience, mais la structure et l’organise.

Un monde ouvert cohérent avec des circuits désormais intégrés au décor

La grande nouveauté de cet opus repose sur l’interconnexion entre tous les circuits. À l’inverse des anciens volets, chaque piste est aujourd’hui une destination inscrite dans un monde persistant, traversable en continu. Ce choix bouleverse la lecture habituelle des parcours : les circuits ne sont plus des arènes isolées, mais des lieux à part entière au sein d’un environnement vaste et vivant.

Cette intégration permet aux développeurs de retravailler certains classiques de manière inattendue. Dino Dino Jungle, par exemple, adopte les codes visuels d’un parc thématique façon Jurassic Park, tandis que le chantier naval de Wario s’échoue en pleine mer déchaînée sous forme de galion à la dérive. Cette contextualisation visuelle confère aux circuits une ambiance plus marquée, plus mémorable, où les thèmes résonnent avec la géographie alentour.

L’esthétique participe largement à cette cohérence. L’ensemble du monde conserve une direction artistique homogène, riche en couleurs et en animations stylisées. Les décors ne se contentent pas d’être jolis, ils racontent aussi une histoire, renforcent l’immersion et donnent du sens aux transitions entre chaque zone. Dans ce nouvel écosystème, la piste devient un itinéraire, une étape d’un parcours plus vaste, que l’on explore autant qu’on affronte.

Des modes de jeu repensés pour une expérience plus nerveuse

Le gameplay de Mario Kart World repose sur une variété de modes qui redéfinissent la dynamique des parties. Le plus marquant d’entre eux reste le mode Survie, une course à élimination progressive qui combine un rythme soutenu à une tension permanente et jouissive. Chaque segment de parcours voit les derniers joueurs éliminés, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Cette structure accentue l’aspect compétitif, sans jamais sacrifier l’accessibilité.

Dans le Grand Prix classique, les transitions deviennent partie intégrante de la course : une fois la ligne d’arrivée franchie, les pilotes enchaînent sur une portion de route ouverte vers le circuit suivant. Circulation, météo dynamique et obstacles contextuels y apportent une forme de chaos contrôlé, propice aux rebondissements. Le système n’est pas figé : pour les puristes, le mode Versus autorise toujours des coupes personnalisées avec enchaînement classique des pistes. Enfin, le mode Bataille est de retour, dans des arènes originales et où l’objectif est de lancer des bonus de course pour éclater les 5 ballons attachés au kart de chacun. Celui qui aura éclaté le plus de ballon remportera la victoire. A l’inverse, les joueurs qui n’en ont plus sont éliminés.

L’augmentation à 24 joueurs par course élargit considérablement le champ des possibles. Malgré cette densité, le jeu parvient à maintenir un bon équilibre. Les objets, autrefois sujets à de nombreuses critiques, bénéficient ici d’un réglage plus fin. Leur puissance est modulée par la topographie des circuits, les contres possibles via d’autres objets, ou encore la capacité des joueurs à enchaîner drifts et figures pour esquiver les menaces. Ce nouvel agencement favorise autant la prise de risque que la maîtrise technique, et offre une marge de progression nettement plus fine.

Exploration libre : plaisir de conduite ou déception structurée ?

Le mode libre de Mario Kart World propose une approche radicalement différente de l’expérience classique. Ici, il n’y a pas de compte à rebours, pas de ligne d’arrivée : le joueur décide où aller, quand y aller, et comment. En supprimant toutes les barrières présentes dans les courses traditionnelles, le jeu offre un espace totalement ouvert, sans contrainte ni pression. La liberté est totale, presque déconcertante.

Cette proposition, à la fois relaxante et contemplative, dévoile une autre facette du titre. Le monde ouvert devient alors un terrain d’exploration où découvrir des interrupteurs P cachés débloque des missions : contre-la-montre, enchaînement de tricks, évitement ou collision délibérée avec des obstacles… Ces objectifs, nombreux et variés, permettent de maintenir l’engagement, tout en laissant l’initiative au joueur. Il y a aussi d’autres petits secrets à dénicher ainsi que des endroits spécifiques pour débloquer des skins.

Mais ce mode n’est toutefois pas irréprochable. Le manque total de structure, de narration ou même de tutoriel peut laisser certains joueurs sur le bas-côté. Contrairement à d’autres jeux de course en monde ouvert comme Forza Horizon, qui proposent une campagne balisée, Mario Kart World laisse tout à la charge du joueur. Ce choix de design, assumé, déroutera sans doute les amateurs de progression classique. Pourtant, une fois la logique assimilée, le plaisir d’errer, de découvrir et de personnaliser son kart devient réellement gratifiant.

Une superbe direction artistique qui booste l’intérêt du tout public

Le soin apporté à la présentation visuelle et sonore joue un rôle central dans l’expérience Mario Kart World. L’univers adopte une esthétique vive, détaillée et dynamique, qui conserve l’ADN cartoonesque de la série tout en gagnant en profondeur. Les animations sont plus expressives, les décors fourmillent de détails, et chaque environnement dispose de sa propre identité graphique, renforcée par une palette de couleurs cohérente.

Les personnages bénéficient également d’un traitement plus expressif. Les mimiques, réactions et interactions entre concurrents accentuent le côté vivant et ludique des courses, en plus d’apporter une touche d’humour bien dosée. Ce raffinement visuel contribue à rendre l’exploration comme la compétition plus engageante.

Côté audio, la bande-son constitue l’une des meilleures surprises du jeu. En mode libre notamment, le choix de musiques variées, souvent inédites, transforme les sessions d’exploration en véritables escapades musicales. Le rythme et le ton des morceaux s’adaptent aux zones traversées, renforçant la sensation d’être immergé dans un monde cohérent et en perpétuel mouvement. À elle seule, la musique justifie parfois le simple plaisir de rouler sans but.

Un sans faut pour cette nouvelle formule next-gen ?

Avec Mario Kart World, Nintendo prend le risque de sortir de sa zone de confort. En réinventant la structure du jeu, en introduisant un monde ouvert cohérent et en diversifiant les expériences proposées, la firme livre un titre audacieux qui tranche avec les standards établis. Ce virage ne fera pas l’unanimité, mais il témoigne d’une volonté assumée de renouveler en profondeur l’une de ses franchises les plus emblématiques. Entre exploration libre, course technique et mise en scène soignée, ce nouvel épisode propose une vision inédite du karting made in Nintendo.

Points positifs

• Un monde ouvert cohérent reliant tous les circuits

• Un gameplay survitaminé avec des nouveaux atouts, le wall run, le rail grinding et les transitions en temps réel

• Un mode Survie nerveux et original

• Une direction artistique propre et cohérente visuellement

• Une bande-son excellente et variée, surtout en mode libre

• Des circuits thématisés de manière créative

• Un équilibrage réussi malgré les 24 joueurs en simultané

Points négatifs

• Une exploration libre sans structure, qui manque de guidage

• Une absence de campagne scénarisée ou de tutoriel

• Un risque de désorientation pour les joueurs habitués à un format plus classique