
Donkey Kong Bananza
Plateforme de test : Nintendo Switch 2
Date de sortie : 17 juillet 2025
Développeur : Nintendo
Éditeur : Nintendo
Style : Plate-forme / aventure
Disponible sur :
Avec Donkey Kong Bananza, Nintendo relance une franchise longtemps restée en retrait. Porté par l’équipe d’EPD Tokyo (Super Mario Odyssey), le jeu débarque sur Switch 2 avec une ambition technique rarement vue pour une exclusivité Nintendo. Mettant l’accent sur l’exploration libre, la verticalité et des environnements entièrement modifiables, ce nouvel opus entend bien dépasser le simple statut d’épisode hommage pour s’imposer comme une référence moderne du jeu de plateforme 3D. Sans cinématiques imposées ni tutoriels envahissants, le joueur se retrouve directement projeté dans un monde vivant, où chaque interaction repose sur le mouvement et la curiosité.
Donkey Kong, une série culte trop longtemps mise en veille
L’histoire de Donkey Kong alterne entre moments de gloire et longues périodes d’inactivité. Créé en 1981 comme antagoniste de Mario, le personnage connaît un premier virage dès les années 90 avec Donkey Kong Country sur Super Nintendo, acclamé pour sa réalisation technique et son gameplay nerveux. Puis, après un passage remarqué mais inégal en 3D avec Donkey Kong 64, la licence se dilue dans une série de spin-offs aux ambitions variables.
Entre Jungle Beat, Barrel Blast ou encore les jeux musicaux sur GameCube, DK semble alors condamné à la figuration. Il faut attendre Donkey Kong Country Returns et surtout Tropical Freeze pour que la série retrouve une forme d’excellence. Mais là encore, la reconnaissance critique n’est pas suivie d’une continuité éditoriale. En dix ans, aucun nouvel opus principal en 3D n’est venu faire évoluer la saga.
C’est dans ce contexte qu’arrive Donkey Kong Bananza, nouveau point de départ et réponse directe à l’inconstance de la franchise. Le titre mise sur l’expertise d’EPD Tokyo pour rebattre les cartes : un monde ouvert à sculpter, un gameplay dynamique, une expérience sans barrières. Et pour la première fois depuis longtemps, Donkey Kong n’a plus besoin de se référer au passé pour exister.
L’arrivée de la Switch 2, le tournant technique qui a libéré Bananza
Initialement pensé pour la première Switch, Donkey Kong Bananza a rapidement atteint les limites techniques de la console. Le framerate était instable, plusieurs idées de gameplay ont dû être abandonnées, et les environnements destructibles ne pouvaient pas être pleinement réalisés. C’est le passage à la Switch 2 qui a permis au projet de se concrétiser, libérant les ambitions techniques du studio.
Le titre tourne majoritairement autour des 60 images par seconde, avec des chutes assez importantes lors de scènes particulièrement chargées ou lors de l’utilisation de certaines transformations. Grâce à cette puissance supplémentaire, le jeu propose des mondes massifs, dynamiques et modifiables en temps réel, sans temps de chargement entre les couches souterraines et les zones en surface. Une prouesse permise par un long cycle de développement, comparable à celui de Mario Kart World, et une parfaite maîtrise du hardware par les développeurs.
Cette montée en puissance s’accompagne d’une refonte complète du moteur physique, pensé pour supporter une exploration en profondeur, une destruction constante du terrain, et des transformations spectaculaires. Nintendo met ici la technique au service du plaisir immédiat, sans jamais sacrifier la fluidité du gameplay.
Une liberté d’action presque totale
Donkey Kong Bananza repose sur un principe simple : laisser le joueur expérimenter à sa manière. Chaque niveau agit comme un grand terrain de jeu vertical, souvent plus vaste que ceux de Super Mario Odyssey. Mais ce n’est qu’en creusant que l’on découvre la vraie structure des mondes. Cavernes, couches souterraines, galeries de fossiles, salles secrètes : tout est accessible en sculptant le décor en temps réel.
Le jeu offre une panoplie de mouvements avancés. Le célèbre roulé de Donkey Kong Country revient et peut être enchaîné avec des sauts, des attaques en claque ou encore des double sauts, un mécanisme qui rappelle l’élan de Klonoa, où le fragment de sol que tient DK dans ses bras devient littéralement un support d’impulsion. Cette richesse permet de réinventer constamment sa manière d’aborder les niveaux.
Autre particularité, Donkey Kong peut grimper presque partout, sans limites d’endurance. L’approche se veut naturelle : on voit un point haut, on peut l’atteindre. Cette philosophie se répercute dans toute la structure du jeu, qui ne force jamais le joueur à suivre un chemin linéaire. Chaque situation peut être abordée avec créativité, et les raccourcis sont nombreux.
Malgré cette liberté, la construction des niveaux reste lisible. Le chemin vers l’objectif principal (généralement un boss à vaincre ou une couche à atteindre) est suffisamment guidé pour éviter les errances, sans jamais contraindre la progression. Le joueur est donc libre d’explorer ou d’aller droit au but.
Progression et système de récompenses : la banane comme moteur de jeu
La collecte de bananes n’est pas une simple formalité cosmétique : elle structure entièrement la progression. Réparties par dizaines dans chaque monde, elles remplissent un rôle comparable à celui des lunes dans Super Mario Odyssey, mais avec un avantage immédiat. Tous les cinq fruits récoltés, le joueur gagne un point de compétence à investir dans un arbre d’amélioration.
Ce système est donc loin d’être superficiel et permet de débloquer de nouvelles attaques, d’augmenter la santé maximale ou d’améliorer l’efficacité des actions comme le clap pour détecter les objets sous le sol ou la capacité à creuser. Loin des bonus passifs peu engageants, chaque amélioration est visuellement démontrée et modifie concrètement la façon de jouer. L’évolution est continue et gratifiante.
L’exploration est d’autant plus encouragée que ces bananes se trouvent aussi bien à l’air libre que cachées dans des zones enfouies ou derrière des épreuves. Certaines demandent de résoudre des quizz, d’autres imposent de nourrir un arbre géant avec de l’or, ou encore de briser des blocs sous contrainte de temps. Cette variété constante maintient un rythme soutenu sans jamais forcer la répétition.
Des transformations pensées pour le fun immédiat, mais déséquilibrées
Au fil de l’aventure, Donkey Kong peut se transformer en diverses créatures dotées de capacités spécifiques : l’éléphant absorbe la lave, l’autruche permet de voler, le serpent agit comme un ressort, et la version dorée renforce l’ensemble de ses attributs. Ces transformations, appelées Bananzas, enrichissent le gameplay dans certains contextes bien définis.
Toutefois, leur usage constant finit par déséquilibrer l’expérience. L’éléphant, par exemple, permet de tout aspirer autour de soi, rendant l’exploration moins tactile et plus automatique. Dans certaines zones, ces formes spéciales transforment un gameplay basé sur l’expérimentation en une séquence de démolition sans nuances.
La tentation d’en abuser est forte, d’autant que l’or récolté recharge rapidement la jauge de transformation. Or, en optant pour ces raccourcis permanents, le joueur passe à côté de la finesse du level design initial. Les Bananzas deviennent alors plus un moyen de contourner les défis qu’un outil du gameplay à part entière.
Le studio maîtrise pourtant la variété des idées : certaines transformations sont brillamment exploitées dans des séquences dédiées, notamment dans les phases post-jeu. Mais en dehors de ces contextes précis, leur utilisation illimitée tend à déséquilibrer la progression. Le jeu reste meilleur lorsqu’il repose sur les compétences naturelles de Donkey Kong.
Bananza célèbre toute l’histoire de Donkey Kong, sans filtre
Donkey Kong Bananza ne renie rien de son héritage. Le jeu multiplie les clins d’œil aux grandes périodes de la série : des références à l’époque arcade avec Cranky Kong, à la période Rare via des salles bonus à l’esthétique familière, jusqu’à la reconnaissance du travail de Retro Studios. Ce mélange fonctionne sans nostalgie forcée.
La présence de Pauline, doublée dans des dialogues écrits en anglais au milieu d’un monde où les autres personnages s’expriment en onomatopées, apporte une touche narrative inattendue. Le lien entre Donkey Kong et Pauline est valorisé à travers des séquences optionnelles dans des hôtels qui débloquent des scènes intimistes, renforçant l’attachement aux personnages.
Le jeu assume pleinement l’ensemble de la mythologie DK, évoquant même des figures comme Candy Kong. Cette volonté d’unifier les différentes strates de la franchise, sans jamais les hiérarchiser, permet à Bananza de s’inscrire dans une continuité cohérente et respectueuse. Le tout sans s’appuyer uniquement sur le fan service : les éléments référencés sont intégrés naturellement dans la progression.
Un rajeunissement artistique qui passe bien
Malgré un thème central orienté autour de la fouille et de l’exploration souterraine, Donkey Kong Bananza parvient à offrir une grande diversité visuelle. Plages ensoleillées, forêts luxuriantes, zones urbaines ou encore hôtels étrangement cosy : le jeu évite l’écueil de la répétition en renouvelant sans cesse l’ambiance des lieux visités.
La direction artistique s’appuie sur des décors volontairement stylisés, avec une modélisation low poly assumée pour certaines zones, renforçant le charme des environnements. Le passage fluide entre carte du monde en 3D rotative et retour au gameplay, parfaitement synchronisé, témoigne d’une attention rare à l’ergonomie visuelle.
Côté sonore, le jeu alterne entre compositions originales et clins d’œil musicaux aux précédents volets. Les transformations bénéficient chacune d’un thème distinct, tandis que les séquences avec Pauline ajoutent une dimension narrative portée par le doublage anglais, inédit pour ce type de production. L’ensemble crée une atmosphère à la fois ludique et immersive, renforçant l’identité singulière du titre.
Un équilibre technique solide accompagné de grandes ambitions
À l’échelle de son ambition, Donkey Kong Bananza affiche des performances globalement maîtrisées. Malgré la richesse des effets visuels, la densité des éléments interactifs et la possibilité de modifier le terrain en continu, la fluidité reste stable durant la majeure partie de l’expérience.
Quelques baisses à 30 images par seconde sont à signaler lors de certaines actions, comme l’utilisation de la transformation éléphant ou les séquences les plus explosives liées à la destruction de l’environnement. Mais elles sont brèves, localisées et n’impactent pas la jouabilité de façon sensible.
Le moteur physique impressionne par sa capacité à gérer des niveaux massifs sans transition, y compris en profondeur. Chaque couche souterraine, chaque galerie creusée, chaque mur effondré reste cohérent visuellement et mécaniquement. Même les objets aspirés deviennent jetables, prolongeant ainsi les possibilités d’interaction. Une prouesse rarement atteinte sur console.
Le jeu fait également preuve d’une lisibilité exemplaire : pas de surcharge d’interface, une carte du monde limpide, et un enchaînement des zones qui ne casse jamais le rythme. Bananza parvient à rester accessible sans compromettre sa richesse système.
Un Donkey Kong audacieux, généreux et taillé pour l’expérimentation
Avec Donkey Kong Bananza, Nintendo livre un jeu qui ne cherche pas à imiter les codes du genre mais à les tordre jusqu’à en créer de nouveaux. Le titre impressionne autant par son audace que par sa capacité à transformer chaque minute de jeu en terrain d’expérimentation. C’est un jeu qui n’a pas peur de laisser le joueur creuser, littéralement et figurativement, pour y déterrer tout ce qu’il a à offrir. On y trouve un Donkey Kong libre, parfois trop puissant, mais toujours passionnant à contrôler. Un jeu qui respire la prise de risque et la générosité à tous les étages. Une vision ludique radicale, rare, et maîtrisée.

Donkey Kong Bananza
Si toi aussi tu veux ton exemplaire, Amazon a sûrement un deal qui te convient !
Points positifs :
-
Une liberté d’exploration totale et grisante
-
Un level design vertical et dense
-
Un système de progression clair et motivant
-
Une direction artistique stylisée et variée
-
Une bande-son immersive avec des références bien placées
-
Un moteur physique impressionnant pour une console portable
-
Une utilisation intelligente de l’héritage Donkey Kong
Points négatifs :
-
Une surpuissance des transformations Bananza qui casse l’équilibre
-
Quelques baisses de framerate ponctuelles