Clair Obscur: Expedition 33 – L’histoire complète et les deux fins expliquées

Dans l’univers si singulier du chef d’oeuvre Clair Obscur: Expedition 33, la ville de Lumière se dresse au milieu de l’océan, coupée du reste du monde depuis un événement que ses habitants nomment la Fracture. Depuis cette rupture survenue il y a 67 ans, une entité mystérieuse connue sous le nom de Peintresse s’éveille chaque année pour inscrire un chiffre sur un monolithe noir. Cette marque n’est pas anodine : toute personne âgée de ce nombre se désintègre en pétales et disparaît. Ce rituel annuel, appelé Gommage, rythme la vie des habitants et les condamne à une lente extinction.

Pour contrer ce sort funeste, la population a mis sur pied des expéditions, chacune baptisée selon le chiffre tiré par la Peintresse. Le jeu suit ainsi les pas de l’Expédition 33, déployée après que le monolithe a affiché le numéro 33. Ces volontaires sont chargés d’atteindre le monolithe et d’éliminer la Peintresse afin de rompre le cycle du Gommage.

Ce monde, à la fois romanesque et sinistre, mêle esthétique picturale et fatalité. Chaque personnage, chaque décor, chaque silence semble imprégné de chroma, cette énergie mystique issue de la peinture qui façonne et altère la réalité. Et c’est dans ce cadre que se déploie une narration où le temps, la mémoire et l’identité s’entrelacent.

Le chemin de l’Expédition 33

À peine débarqués sur les rivages de l’inconnu, les membres de l’Expédition 33 tombent dans une embuscade aussi brutale qu’inattendue. Un homme aux cheveux blancs, vêtu de l’uniforme des expéditionnaires mais bien plus âgé qu’il ne devrait l’être, surgit. Son identité reste obscure, mais son efficacité est létale. En quelques instants, il décime l’unité. Seuls quelques survivants échappent au massacre, dont Gustave, que l’on retrouve plus tard inconscient près d’une cascade.

La quête de sens commence alors. Gustave, secoué mais vivant, croise Lune, qui le sauve alors qu’il s’apprête à mettre fin à ses jours. Ensemble, ils se remettent en marche, découvrant une gravure mentionnant que Maëlle, la sœur adoptive de Gustave, aurait été emmenée vers un refuge situé au nord. Le duo remonte la piste, traverse des récifs coralliens étranges et finit par retrouver Maëlle dans un manoir. Cette dernière leur apprend qu’elle a été recueillie par une entité énigmatique appelée le Conservateur.

Rapidement, le groupe est rejoint par Sciel, un autre survivant de la plage. L’équipe désormais réunie, leur périple les conduit jusqu’à un village peuplé de Gestrals, créatures légendaires issues des contes de Lumière. La chef du village, Golgra, leur indique un nom : Esquie. Ce personnage fantasque, massif et joyeux, accepte de les aider à traverser la mer… mais réclame en échange sa pierre précieuse, gardée par un voisin peu commode : François, une pierre qui parle, aussi acerbe qu’agaçante. Cette étape accomplie, Esquie accepte de coopérer.

Mais un malaise plane. Maëlle vit un moment suspendu : le temps s’arrête, une jeune fille masquée et l’homme aux cheveux blancs réapparaissent. Elle entend ces mots : « Tu ne fais qu’empirer les choses. Rentre chez toi, et profite de tes derniers jours. » Le doute s’immisce en elle, tandis que le reste du groupe ignore tout de cette vision. Le chemin vers la Peintresse s’annonce de plus en plus tortueux.

Suand la vérité éclabousse le récit

La progression du groupe les conduit à de nouvelles rencontres qui bouleversent leur compréhension du monde. Alors que Gustave se sacrifie pour protéger Maëlle face à Renoir, un homme masqué intervient et la sauve de justesse. Ce dernier se révèle être dans un acte désespéré. L’inconnu se révèle être Verso, survivant de l’Expédition Zéro. Son apparente immortalité, tout comme celle de Renoir, son ancien commandant, trouve son origine dans un mystère plus vaste : le Canvas, un univers peint par la main de la Peintresse, véritable matrice du monde connu.

Renoir voit dans cette immortalité une prolongation artificielle d’un monde qu’il cherche à dissoudre. Son véritable objectif est de pousser Aline à abandonner le Canvas en détruisant tout ce qu’elle y a recréé, afin de l’obliger à revenir dans le monde réel., il choisit de détruire toute expédition, trahissant Lumière et ses habitants. De son côté, Verso rompt avec son passé familial : il rejoint Maëlle, Lune et Sciel pour poursuivre la mission. Le quatuor découvre alors que la Peintresse n’est autre qu’Aline, la mère d’Alicia, plongée dans le Canvas pour fuir son chagrin. Le monde qu’ils traversent n’est qu’une peinture vivante, née du désespoir.

Dans cette réalité fragmentée, Maëlle n’est pas née ici. Elle est en vérité Alicia, sœur de Clea. Recréée au cœur du Canvas par le Chroma de sa mère, elle ignorait son identité jusqu’à ce que ses souvenirs refassent surface. et fille de Renoir et Aline, transformée par le Chroma en création à part entière. Son identité, ses souvenirs et ses liens familiaux ressurgissent alors que la Peintresse agonise dans les bras de Verso. Avant de disparaître, elle murmure le prénom d’Alicia. Cette révélation fait basculer tout le récit : ce monde n’est qu’un exutoire, une toile hantée par la douleur d’une famille disloquée.

Quelle fin est la meilleure dans Clair Obscur Expedition 33 ?

Le dernier acte du récit oppose deux visions irréconciliables : celle de Maëlle, décidée à préserver l’univers peint pour faire revivre ses compagnons, et celle de Verso, prêt à détruire le Canvas pour libérer les âmes prisonnières. Le joueur fait alors face à un choix déterminant.

Dans la première issue, Maëlle terrasse Verso. En refusant de le peindre, elle respecte son souhait de ne plus être recréé. Le Canvas survit, tout comme les expéditionnaires. Lumière, désormais peuplée à nouveau, vibre d’une vie illusoire. Lors d’un concert dans l’opéra, Maëlle, le visage taché de peinture, assiste à une performance de Verso vieilli, comme un écho à une vie qu’elle s’est elle-même réinventée. Mais derrière cette scène, persiste l’idée d’un cycle de deuil jamais achevé, où elle reproduit inconsciemment le drame de sa mère.

Dans l’autre fin, Verso affronte Maëlle et l’efface. Avant de disparaître, il lui rappelle qu’elle possède le pouvoir de ne jamais subir un monde imposé. Il quitte alors le Canvas en compagnie de son propre esprit. On retrouve la famille d’Alicia dans le monde réel, réunie autour de la tombe de Verso. Clea est présente à ses côtés, symbole de cet équilibre retrouvé entre mémoire et avenir. Le deuil est tangible, mais l’union familiale devient une source de guérison. En retrait, Alicia aperçoit une vision fugace des membres de l’Expédition 33 lui faisant signe. Cette fin évoque la force du souvenir face à l’oubli, et le choix de tourner la page plutôt que de s’y accrocher.

Quel est le véritable sens du scénario du jeu ?

Le RPG français déploie une structure narrative qui repose sur une stratification constante du réel et du symbolique. Le Canvas, loin d’être un simple décor, devient l’incarnation du traumatisme familial. Il héberge des souvenirs figés, des doubles fantasmés, des personnages prisonniers de la mémoire d’une mère refusant la perte. La Peintresse, en recréant son monde au sein de la toile, retarde l’inévitable : l’acceptation du deuil.

Les personnages n’agissent pas seulement contre une entité abstraite, mais contre les ruines d’un passé trop lourd. La Chroma, essence picturale, donne à chacun le pouvoir de façonner le réel, mais aussi de s’y enfermer. Maëlle, en tant que création de sa propre mère, incarne cette tension entre autonomie et héritage. Quant à Verso, il se bat pour l’effacement, pour une fin propre et choisie, opposée à la répétition infinie de la souffrance.

Chaque fin du jeu interroge la manière dont nous gérons les souvenirs : les préserver, au risque de s’y perdre, ou les laisser partir pour mieux avancer. En cela, le jeu de Sandfall Interactivene propose pas de morale figée, mais une réflexion fine sur ce que signifie être le fruit d’un passé que l’on n’a pas choisi.