Chez Electronic Arts, la transformation numérique ne passe plus uniquement par les moteurs de jeu. Depuis plusieurs mois, la direction multiplierait les consignes pour que ses équipes utilisent des outils d’intelligence artificielle générative à tous les niveaux de la production, qu’il s’agisse de développement, de création ou même de gestion RH.
Selon Business Insider, cette décision forcerait aujourd’hui les 15 000 employés du groupe à intégrer l’IA dans leur quotidien, y compris pour écrire du code, produire des concepts visuels, ou encore structurer les échanges managériaux. Des consignes parfois floues, souvent imposées, qui laissent une partie du personnel dans le flou, voire sur le carreau.
Certains développeurs pointent évidemment des outils encore peu fiables, générant du code défectueux qu’il faut ensuite retravailler manuellement. D’autres, côté création, redoutent que leurs propres travaux intégrés dans les bases d’apprentissage de ces IA soient utilisés pour automatiser leur métier. Dans plusieurs cas, l’IA n’assiste plus : elle remplace.
Un ancien cadre qualité de Respawn, évincé au printemps dernier avec une centaine de collègues, affirme que l’automatisation de l’analyse des retours joueurs aurait rendu son rôle caduc. Une fonction-clé absorbée par un chatbot, selon lui, sans réelle concertation.
Au-delà des pertes de postes, le climat interne semble donc assez tendu, et les choses ne vont pas en s’arrangeant. Des documents internes révèlent que certains services sont désormais soumis à des quotas ou des objectifs d’usage des outils IA. Les salariés doivent suivre des modules de formation, interagir avec des assistants génératifs comme s’il s’agissait de collègues et s’en remettre à eux pour des situations aussi sensibles que le refus d’une promotion.
Dans ses documents financiers, EA admet que cette transition rapide n’est pas sans risque : erreurs, tensions internes, problèmes d’image. Mais le cap reste fixé.
En parallèle, l’industrie s’adapte. Selon une enquête menée lors de la Game Developers Conference 2025, plus de la moitié des studios ont déjà intégré l’IA dans leurs processus. Sur Steam, près de 20 % des jeux sortis cette année en font mention, et la tendance grimpe. SteamDB a même dû ajouter un filtre pour isoler les titres ayant recours à ces technologies.


