Avec The Nice House on the Lake proposé chez Urban Comics, James Tynion IV et Álvaro Martinez Bueno ont signé l’un des récits les plus marquants de ces dernières années dans le domaine du comics d’anticipation psychologique. Entre thriller paranoïaque et science-fiction dystopique, la série s’est rapidement imposée comme une référence, couronnée par plusieurs Eisner Awards et un Prix de la série à Angoulême. La suite, baptisée The Nice House by the Sea, reprend le flambeau dans un environnement radicalement différent. Adieu les forêts du Wisconsin, place à une villa méditerranéenne luxueuse, bercée par la mer et baignée de lumière. Pourtant, malgré cette apparence paradisiaque, l’angoisse reste bien présente.
Résumé:
Aucun des douze convives de cette belle demeure en bord de Méditerranée ne connaissait Max. Elle connaissait pourtant chacun d’entre eux. Experts dans leur domaine, géants de l’industrie et du savoir moderne, chacun d’entre eux est l’excellence personnifiée. Pour échapper à la fin du monde et incarner l’avenir de l’Humanité, tous ont accepté en leur âme et conscience de se réunir dans ce petit paradis créé rien que pour eux, abandonnant vie et proches à leur triste sort. Survivre à la mort programmée de l’humanité ? Vivre éternellement ? Que pourrait-il y avoir de mal à ça ?
Une deuxième maison, de nouveaux enjeux
Le concept reste similaire : un groupe d’individus est isolé du reste du monde, sous la surveillance d’une entité extraterrestre. Mais cette fois, les invités savent exactement ce qu’ils font là. Guidés par un certain Max, métamorphe lui aussi, ces dix pensionnaires – scientifiques, écrivains, politiciens ou artistes – sont convaincus de mériter leur salut. Maîtres de leur environnement, ils peuvent modifier le climat, rajeunir leur apparence ou même redéfinir leurs corps. Pourtant, cette illusion de contrôle ne tarde pas à révéler ses failles.
L’absence de liens affectifs entre les membres exacerbe les conflits, les opinions s’entrechoquent, et la promiscuité forcée ravive les pires traits de l’âme humaine. L’ambiance évoque autant une expérience sociale sous tension qu’une relecture du Big Brother version élite intellectuelle.
The Nice House, sa narration éclatée et son atmosphère magnétique
James Tynion IV continue d’utiliser une structure éclatée, mêlant flashbacks et flashforwards, pour explorer les relations entre cette nouvelle maisonnée et celle de Walter, le personnage central du premier cycle. Ce croisement narratif relance l’intrigue, tout en densifiant l’univers fictionnel. Les deux communautés, bien que différentes dans leur fonctionnement, semblent inévitablement destinées à se rencontrer, voire à s’affronter. Dans cette construction complexe, l’aspect science-fictionnel passe parfois au second plan, au profit d’un traitement psychologique dense, presque existentiel. Le lecteur suit les personnages jusqu’à des visions de mondes ravagés, entre survie, culpabilité et quête de sens.
Visuellement, Álvaro Martinez Bueno livre à nouveau un travail remarquable. Son trait oscillant entre réalisme et abstraction confère au récit une dimension allégorique forte. Les ambiances climatiques, modifiables à volonté par les personnages, deviennent autant de leviers dramatiques pour appuyer la tension. L’artiste réussit à capturer la lourdeur d’un soleil trop parfait, la beauté inquiétante d’un décor sans faille. Ce style vaporeux et précis porte littéralement l’identité graphique de la série, justifiant pleinement le choix de l’édition grand format luxe proposée par Urban Comics, disponible à 25 € pour 200 pages.
Fiche technique de The Nice House By The Sea tome 1 :
- Prix : 25 EUR
- Public : Adulte
- Collection : Grand Format Urban
- Date de sortie : 25 avril 2025
- Pagination : 200 pages
- Scénaristes: James Tynion IV
- Dessinateur: Álvaro Martínez Bueno
- Contenu VO: The Nice House by the Sea (#1-6)