C’est l’un des projets les plus attendus de l’année : F1, le nouveau long-métrage de Joseph Kosinski, débarque sur les écrans avec l’ambition de transposer l’intensité des circuits automobiles au format cinématographique. Réalisateur déjà salué pour Top Gun: Maverick, Kosinski retrouve ici son collaborateur Ehren Kruger au scénario et confie le rôle principal à Brad Pitt, dans la peau d’un ancien pilote de Formule 1 qui reprend le volant après des années d’absence.
Le film aligne un casting solide, avec Damson Idris dans le rôle du jeune coéquipier talentueux mais impulsif, Javier Bardem en patron d’écurie au bord de la faillite, et Kerry Condon, dont le personnage incarne une forme de stabilité stratégique au sein de l’équipe. Avec durée de 2h30 environ, F1 mélange tension dramatique et grand spectacle, tout en s’appuyant sur une direction photo signée Claudio Miranda, déjà complice de Kosinski. Le réalisateur renouvelle ici son approche visuelle immersive, notamment à travers une multitude de caméras embarquées, placées directement sur les monoplaces pour une expérience sensorielle au plus près de la course.
Conçu pour une projection en salle, F1 ne cache pas son ambition hollywoodienne : chaque plan est calibré pour le grand écran, avec des décors spectaculaires, des gradins remplis et un soin particulier apporté à la retranscription sonore de la vitesse. Un film pensé comme un hommage au sport mécanique, autant qu’un divertissement calibré pour un large public.
Un pilote de retour sur la piste
Le récit suit Sonny Hayes, ancien champion de Formule 1, rappelé en urgence pour reprendre du service au sein d’une écurie en perdition. L’équipe occupe la dernière place du classement, son avenir est incertain, et sa survie dépend désormais de cette alliance improbable entre expérience et jeunesse. Face à lui, Joshua Pearce, jeune pilote fougueux interprété par Damson Idris, incarne à la fois la promesse d’un renouveau et une source constante de tension.
Ce duo improbable, censé coopérer pour hisser l’écurie vers le haut, peine à fonctionner. Les désaccords s’enchaînent, les égos s’entrechoquent, et les résultats tardent à venir. Loin des clichés du mentor infaillible, F1 choisit de montrer un Brad Pitt vulnérable, sujet à l’échec, multipliant les erreurs sur la piste et peinant à retrouver ses réflexes d’antan. Cette approche donne au film une tonalité plus réaliste, ancrée dans la difficulté du retour au plus haut niveau après une longue absence.
Autour d’eux, les enjeux se précisent : l’écurie joue sa survie, les sponsors se font rares, et Javier Bardem, en patron désabusé mais passionné, tente de garder le cap malgré les pressions extérieures. La tension dramatique ne repose pas uniquement sur la ligne d’arrivée, mais bien sur les dynamiques humaines qui animent cette équipe au bord du gouffre.
Hourra! Un film pour tous les publics, même sans connaître la Formule 1
L’un des forces principales de ce film F1 est qu’il rend le sport automobile beaucoup plus compréhensible et attrayant, même pour les non-initiés. Le scénario comporte des éléments explicatifs via des commentaires d’antenne ou des dialogues contextualisés, permettant aux spectateurs novices de saisir les enjeux d’une course, les manœuvres décisives ou encore les règles spécifiques de la discipline.
Ce choix d’ouvrir les concepts de ce sport de manière très scolaire n’alourdit heureusement jamais le rythme. Elle s’intègre naturellement dans le récit, notamment grâce au personnage incarné par Brad Pitt, dont certaines astuces de pilotage sont progressivement dévoilées au fil de l’intrigue. Le film parvient ainsi à vulgariser sans simplifier, en offrant une immersion réaliste sans exclure ceux qui ne suivent pas la Formule 1.
Le choix de s’appuyer sur une narration accessible, sans jargon technique superflu, contribue à faire de F1 un long-métrage grand public, qui mise autant sur l’émotion que sur l’adrénaline. En combinant des scènes de course intenses avec des enjeux humains profonds, le film dépasse le simple cadre du sport pour toucher un public bien plus large que les passionnés de paddock.
Top Gun sur circuit : la mise en scène immersive de F1
Avec F1, Joseph Kosinski reprend les codes qui ont fait le succès de Top Gun: Maverick pour les adapter au monde de la course automobile. La caméra épouse littéralement la trajectoire des monoplaces, grâce à une multitude de dispositifs embarqués offrant des angles de vue spectaculaires. Fixées sur les flancs, les capots ou à l’intérieur des cockpits, ces caméras livrent une sensation de vitesse brute et un rendu visuel viscéral.
Le directeur de la photographie Claudio Miranda, déjà récompensé pour ses collaborations précédentes, redouble d’inventivité. L’alternance entre vues statiques et plans panoramiques donne une impression de fluidité constante. Certains effets sont réutilisés à plusieurs reprises, notamment les travellings circulaires, mais l’ensemble conserve une efficacité redoutable.
Le mixage sonore joue également un rôle central dans l’immersion. Le rugissement des moteurs, les crissements de pneus et les bruits de l’environnement sont mixés de manière à placer le spectateur au cœur de la piste. Ce travail technique ne sert pas uniquement à épater : il soutient la tension dramatique des scènes et accentue la brutalité des affrontements en piste.
En reproduisant la dynamique éprouvée de Top Gun: Maverick tout en adaptant sa grammaire visuelle à la Formule 1, Kosinski réussit un équilibre entre spectacle et immersion. Le résultat est un film au rythme soutenu, pensé pour être vu(et ressenti) dans l’obscurité d’une salle de cinéma.
Pourquoi F1 est un film à voir en salle
Le format de F1 n’est pas un simple choix artistique : il est conçu pour tirer pleinement parti de l’expérience cinématographique. Dès les premières scènes, la densité visuelle, la précision du son et l’échelle des plans imposent une dimension spectaculaire qui ne saurait être rendue sur un petit écran. Ce n’est pas un film à consommer distraitement : il appelle à l’immersion totale, dans le noir d’une salle, face à un écran gigantesque.
Chaque détail visuel – des vibrations sur la piste aux reflets sur les carrosseries – est calibré pour une restitution haute définition. Le film multiplie les scènes de foule, les prises de vue larges et les ralentis intenses, qui ne prennent tout leur sens qu’en projection grand format. Le travail du son, lui aussi, se déploie dans l’espace grâce à un mixage enveloppant, pensé pour les systèmes surround des cinémas.
En misant sur la puissance collective du cinéma, cette sensation partagée d’être happé par l’action, F1 ravive l’essence même du spectacle hollywoodien. C’est une œuvre qui ne se contente pas de raconter une histoire : elle cherche à la faire vivre physiquement au spectateur.
Un film à voir, absolument
Avec F1, Joseph Kosinski signe une œuvre spectaculaire, fluide et lisible, capable de concilier exigence cinématographique et plaisir grand public. Entre son duo central complexe, ses scènes de course captivantes et sa mise en scène immersive, le film parvient à conjuguer tension narrative et virtuosité visuelle sans perdre de vue l’accessibilité. Il s’impose comme un divertissement de haute volée, conçu pour sublimer chaque instant sur grand écran.