Lorsqu’on évoque les séries incontournables du jeu vidéo, il est impossible de ne pas mentionner la saga Metal Gear Solid. Cette franchise, qui a débuté en 1987 sous l’égide de son créateur visionnaire, Hideo Kojima, s’est imposée comme une référence en matière de gameplay d’infiltration. Cette Master Collection, disponible chez Konami dès ce mois d’octobre, permettra ainsi à de nombreux joueurs sur les plateformes modernes de découvrir une première partie de l’histoire pour ces jeux qui ont repoussé les limites de la conception 3D et la créativité dans le format vidéoludique en attendant le volume 2 et Metal Gear Delta, le remake de MGS3.

Retour sur une légende vidéoludique

L’innovation a toujours été le fer de lance de Hideo Kojima. Si l’on remonte aux origines, l’opus de 1987, conçu pour le système MSX2, faisait déjà preuve d’une audace remarquable. Au lieu de céder aux contraintes techniques, Kojima les a utilisées comme une toile de fond pour créer un gameplay axé sur la furtivité, plutôt que sur l’action pure. Cette façon de faire a continué à travers chaque suite, s’adaptant et évoluant avec les avancées technologiques des différentes consoles.

La MGS Master Collection Vol. 1, vendue au prix piquant de 59,99 euros, englobe tout ce qu’un fan de la série doit avoir, depuis le tout premier Metal Gear jusqu’à Metal Gear Solid 3: Snake Eater de 2004. Qu’il s’agisse des premiers jeux MSX2, des titres majeurs de la PlayStation ou encore des suites sur PlayStation 2, le joueur est invité à une rétrospective complète. Mais cette collection va encore plus loin en intégrant des trésors souvent méconnus, tels que la version NES du jeu original ou encore les missions VR qui immergent les personnages dans des simulations d’entraînement virtuelles.

Metal Gear Solid n'a rien perdu de sa superbe dans la Master Collection Vol. 1
L’original, fidèle à lui-même. Mais ça pique un peu aux yeux, non ?

La collection s’enrichit également de pépites supplémentaires, comme la version NES du premier Metal Gear et sa suite non-canonique Snake’s Revenge. Les adaptations en roman graphique de MGS1 et 2 ainsi que trois autres versions de Metal Gear Solid offrant du contenu additionnel, telles que les missions VR (entendons-nous bien, VR pour « Virtual Reality » où les personnages se trouvent dans des simulations d’entraînement, et non pas jouées avec un casque VR), viennent compléter cette offre déjà copieuse.

Un contenu gargantuesque avec de légers manquements pour la Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1

La question qui brûle les lèvres de nombreux fans est : cette collection couvre-t-elle vraiment tout l’univers Metal Gear Solid ? Certes, elle est extrêmement complète. Néanmoins, les puristes pourront regretter l’absence de certaines pépites comme le remake GameCube du premier Metal Gear Solid, nommé Twin Snakes, ou encore le jeu Game Boy Color intitulé Ghost Babel. Mais soyons réalistes, Konami devait nécessairement poser des limites. Après tout, l’existence même d’une éventuelle suite à cette collection, un hypothétique volume 2, reste dans les esprits.

Les tout premiers "Metal Gear" sont également dans la Master Collection Vol. 1
Qui savait que les deux jeux « Metal Gear » existaient ? Ne mentez pas !

Vingt ans après leur sortie initiale, il est clair que la trilogie centrale de Metal Gear Solid compte parmi les plus grands jeux d’action-aventure jamais conçus. Ces titres ont repoussé les limites de la narration cinématographique dans le monde du jeu vidéo. En les revisitant, ce qui frappe, c’est la durabilité de leur gameplay. Cette dynamique addictive de dissimulation, d’infiltration et d’affrontements avec des boss est toujours aussi efficace. Même Sons of Liberty, souvent considéré comme le maillon faible de la trilogie à cause de la mise en avant du petit nouveau Raiden, plongeant le héros Solid Snake au second plan, parvient à surprendre malgré quelques longueurs scénaristiques qui ont parfois fait sombrer mon contrôleur sans fil dans un sommeil inattendu.

Big Boss, de Metal Gear Solid 3, devant un feu de camp
Metal gear Solid 3 a repoussé le concept de la survie

Aborder les changements spécifiques apportés par Konami à ces trois jeux dans le cadre de la Master Collection s’avère délicat. Sauf si l’on prête une attention méticuleuse, ces modifications peuvent facilement passer inaperçues. Et c’est peut-être là une preuve de leur intégration réussie. Les commandes ont été modernisées pour s’adapter aux manettes actuelles tout en conservant l’essence originelle du jeu. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer la mention « Start » du menu principal de Metal Gear Solid a été adapté pour la PS5 : une résolution basse et d’époque qui rappelle avec nostalgie les premières heures de PlayStation.

Quand le passé rencontre le présent

Metal Gear Solid, dans sa conception originale, était profondément ancré dans l’univers de la PlayStation. Ce jeu, façonné par les spécificités de la première console de Sony, pose des défis uniques lors de sa transition vers des plateformes plus modernes. Comme je l’avais évoqué dans mon introduction, il y a des moments où le jeu vous invite à presser des boutons qui n’existent plus sur les manettes actuelles, ou à utiliser des ports de contrôleurs désormais obsolètes. Qui pourrait oublier ce casse-tête mémorable qui vous demandait de regarder au dos de la boîte du CD PS1 original pour trouver la solution ?

Face à ces particularités, Konami n’a pas ménagé ses efforts pour assurer une transition fluide. Ainsi, toutes les fonctionnalités qui rompaient le quatrième mur dans Metal Gear Solid n’entravent pas l’expérience de jeu dans cette Master Collection. Si le besoin s’en fait sentir, les joueurs peuvent activer un menu qui leur permet de changer virtuellement le port du contrôleur. De plus, des versions virtuelles des boîtes de jeux originales sont fournies, permettant aux joueurs de « consulter » leur dos.

Et en parlant d’inclusions remarquables, il est impossible de passer à côté d’une fonctionnalité particulièrement enthousiasmante de cette collection. En effet, les joueurs ont la possibilité de créer de faux fichiers de sauvegarde pour une sélection de jeux PS1 de Konami, tels que Castlevania: Symphony of the Night ou Vandal Hearts. Ces fichiers peuvent être stockés sur votre carte mémoire virtuelle pendant que vous jouez à Metal Gear Solid. Bien que cette option soit un peu cachée dans le menu « Gérer les données sauvegardées », il est vivement recommandé de s’y pencher avant de lancer le jeu. Une astuce qui, sans aucun doute, ravira les nostalgiques et les curieux souhaitant enrichir leur expérience de jeu.

L’authenticité à tout prix, un pari risqué pour la Master Collection de Metal Gear Solid

Lorsque nous nous plongeons dans Metal Gear Solid le premier volume de cette Master Collection, on ressent immédiatement les origines PlayStation du titre. Même si Konami annonce une fréquence d’images de 30 fps, en réalité, le jeu semble souvent plus lent à nos yeux. Sa résolution originelle, lorsqu’elle est étirée sur un téléviseur 4K contemporain, offre à ses graphismes une allure oscillante et ondulante.

Il y a indéniablement une valeur à prioriser une reproduction authentique du jeu d’origine plutôt que d’essayer de le retoucher ou de l’améliorer. Le fait que Metal Gear Solid soit désormais jouable, dans sa forme (quasi) originale, sur des supports modernes est une avancée que nous saluons.

Solid Snake en pleine mission d'infiltration dans Metal Gear Solid 2
Metal Gear Solid est un pionnier du genre infiltration

Pourtant, il est intéressant prendre en compte cette démarche sur les versions de Metal Gear Solid 2 et 3 également présentes dans cette collection. Ces titres illustrent comment on peut remasteriser et moderniser des jeux iconiques tout en restant fidèle à leur vision initiale. Ces deux jeux, basés sur les remasters HD de Bluepoint sortis en 2011 pour la PS3 et la Xbox 360, nous ont paru toujours à la hauteur, même sur un écran moderne, malgré l’absence de mise à jour pour des fonctionnalités plus récentes comme la 4K.

Il est évident que moderniser les graphismes de l’ère PlayStation de MGS1 représente un défi colossal – sans même prendre en compte ses références explicites au matériel original pour lequel il a été conçu. Cependant, nous regrettons l’absence d’améliorations techniques, ne serait-ce que le support du format large, même en option.

« A Hideo Kojima Game »

Mais ce qui nous frappe le plus dans ces Master Books, c’est la façon dont ils occultent le rôle de Hideo Kojima, figure emblématique de la franchise pendant près de trois décennies, jusqu’à sa séparation houleuse avec Konami en 2015. Dans l’un des livres, on peut lire que « dans les années 1980, les jeux d’action étaient conçus autour de l’élimination des ennemis » et que « Metal Gear a renversé ce concept », sans aucune mention claire et visible de l’équipe et du réalisateur qui ont rendu cela possible à la façon des jeux originaux dans les crédits.

Raiden et Solid Snake dans Metal Gear Solid 2
Même Raiden est une création de Kojima, respectez-le !

Ceci soulève notre principale critique concernant la Master Collection. En l’absence des forces créatives qui ont guidé la franchise pendant presque trente ans, Konami semble avoir choisi la voie la plus prudente. Au lieu de prendre des décisions créatives sur la manière de peaufiner et de moderniser ces jeux, la société a opté pour l’authenticité, quel qu’en soit le coût.

Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1 : un héritage classique une fois de plus transposé

Après avoir exploré en profondeur cette Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1, nous sommes partagés entre admiration et mélancolie. Konami a réalisé un effort louable en préservant l’authenticité des titres, les rendant accessibles aux nouvelles générations de joueurs tout en offrant une dose de nostalgie aux vétérans. Chaque titre est une capsule temporelle, rappelant une époque révolue du jeu vidéo.

Toutefois, l’absence presque totale de modernisation, couplée à l’occultation du rôle central de Hideo Kojima, donne l’impression d’une occasion manquée. Alors que d’autres franchises ont réussi à équilibrer respect de l’original et adaptations aux standards actuels, cette collection semble parfois figée dans le passé.

En fin de compte, cette collection demeure essentielle pour tous les amoureux de la saga et ceux désireux de découvrir cet univers emblématique. Elle témoigne de l’évolution du monde du gaming et offre une rétrospective précieuse de l’impact et de l’innovation qu’a été Metal Gear Solid à sa sortie. Espérons que si un second volume voit le jour, il parviendra à marier avec plus d’aisance tradition et contemporanéité.

Points positifs:

  • Une collection très complète
  • Le collection sort sur un bel éventail de plateformes
  • Tout reste fidèle aux jeux originaux, quelle que soit la région (la présence de la VF sur MGS 1!)
  • Les remasters HD de MGS 2 et 3  bien adaptés aux écrans modernes sans dénaturer l’expérience originale
  • Des bonus, comme la possibilité de créer des sauvegardes factices pour d’autres jeux Konami

Points négatifs :

  • L’absence de certaines versions et titres comme « Twin Snakes » ou « Ghost Babel »
  • Le premier Metal Gear Solid montre son âge sur les TV modernes, sans adaptations ergonomiques significatives
  • La  tendance générale à privilégier l’authenticité au détriment de la modernisation
  • Un prix de lancement assez élevé

Fiche technique de Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1:

Éditeur : Konami
Développeur : Konami
Type : Tactique / infiltration
Langue : VO ou VF (lorsque disponible)

NOS NOTES ...
NOTE GLOBALE
7,5
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metal-gear-solid-master-collection-vol-1-test-avis-reviewEn plongeant dans la Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1, nous retrouvons une authenticité préservée qui ravira les nostalgiques. Toutefois, l'absence de modernisation et la minimisation du rôle de Hideo Kojima laissent un sentiment mitigé. Si la collection est un trésor pour les fans et une introduction précieuse pour les novices, on ne peut s'empêcher de souhaiter un juste équilibre entre passé et présent dans de futures éditions. Une belle rétrospective, mais avec des réserves.

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